Parmi les nombreuses autres contributions de ce colloque, mentionnons celle de Constantin Sigov, philosophe ukrainien. Il relève trois points: les blessures historiques à la confiance, à l’Ouest comme à l’Est de l’Europe, ensuite Taizé comme pari de la confiance à l’ère du soupçon, et enfin la perspective anthropologique de Frère Roger sur l’homme comme homo credens. La confiance est bien au cœur d’une anthropologie de l’avenir et elle n’est pas naïveté. Elle ne désengage pas; au contraire, elle donne de se tenir debout, là où les sociétés sont ébranlées.
Frère Roger le rappelle: les frères souhaitent être pour les jeunes des hommes d’écoute et non des maîtres spirituels. Et dans la liturgie, le moment principal est le long silence : c’est une écoute silencieuse en commun, prière personnelle et acte communautaire. La prière silencieuse est un symbole de confiance. La confiance ne peut être motivée par un calcul formalisé qui joindrait tous les bouts, dit encore C. Sigov. (Le calcul domine l’économie, mais ne protège pas contre l’instabilité et la crise mondiale.) Elle relève bien du pari. Les actes de confiance sont d’ailleurs une préparation nécessaire pour chacun des sacrements, le baptême d’abord, mais aussi la pénitence. Chanter ensemble dans des langues différentes manifeste cette pleine confiance. Le pari de Taizé est le chant nouveau de la confiance.
Pour conclure le colloque, Frère Aloïs, prieur de Taizé, souligne ces mots simples: nous pouvons apprendre les uns des autres. Nous avons besoin les uns des autres pour avancer, notamment en ce qui concerne l’eucharistie. Retrouvons-nous plus souvent pour prier ensemble, pour soutenir de prochaines étapes théologiques. Frère Roger donnait la priorité à la dimension vivante de la foi sur sa dimension conceptuelle, mais il a toujours recherché le dialogue avec des penseurs. Ces actes montrent le lien fort et indispensable entre la vie et la pensée, et à ce titre ils doivent retenir toute notre attention.