Les dés seraient donc jetés? Non, affirment les auteurs de ce très intéressant ouvrage collectif, réalisé par les promoteurs de la Plateforme dignité et développement créée en Suisse romande en 2016. À leurs yeux, loin de justifier le sauve-qui-peut, la période actuelle offre au contraire une «opportunité séculaire pour les actions animées par le souci du bien commun» (Dembinski). Sur quoi fondent-ils leur espérance ? Sur la réapparition, précisément, du concept de bien commun dans les milieux de praticiens et d’intellectuels de divers horizons, un concept relégué dans l’ombre par le libéralisme économique et politique, associant individualisme, utilitarisme et pluralisme relativiste (Nebel).
Cette réhabilitation d’une notion-clé de la doctrine sociale de l’Église est un signe réjouissant en soi. Les contributeurs du livre ne se contentent pas de le faire savoir. Ils proposent toute une série de pistes pour aborder un sujet moins simple qu’il n’y paraît. Lawrence Dorairaj, par exemple, montre avec Gandhi que «le plus grand bien de tous ne peut être réalisé que par le sacrifice de soi». Michael Schluter explique que pour promouvoir le bien commun, il faut mettre la relation au premier plan. Et, en théologien, Thierry Collaud rappelle que ce bien, ayant partie liée avec le Royaume, est déjà réalisé dans certaines formes de communion. On le voit, les auteurs font bien mieux que dépoussiérer un vieux concept et les lecteurs iront de découverte en découverte.