Dans le premier chapitre, passionnant, Les paradoxes de la mort, il convoque les philosophes, d’Héraclite à Nietzsche en passant par St Augustin, Tertullien, Leibniz, Pascal ou Bossuet, pour démontrer la puissance de l’affirmation de Platon, reprise par Montaigne: «Philosopher c’est apprendre à mourir.» Puis il essaie de répondre à la question: «Mais alors, qu’est-ce que la mort?»
Il analyse ensuite la perte du sens symbolique de la mort, qui a des causes -«Quand la Transcendance vient à déclarer forfait, la symbolisation ne peut s’effectuer»- et de graves conséquences - «La désymbolisation de la mort la rend insupportable». On voit apparaître alors des «parodies d’immortalité», une recherche scientifique effrénée et pas toujours désintéressée, ou encore le transhumanisme.
La fin du livre discute des pratiques et des croyances à la mode -crémation à la place des cimetières, fantômes, dialogue avec les morts, etc.- et pose honnêtement cette question très actuelle (liée à l’assistance au suicide): «La mort a-t-elle des avantages?»
Cet ouvrage est l’œuvre d’un philosophe chez qui on devine des convictions chrétiennes, et qui parle surtout en historien de la philosophie. Même si certains pourraient préférer les philosophes qui ont cherché en eux, patiemment et souvent dans la douleur, le sens de leur propre mort et donc de leur vie (Kierkegaard, Cioran, ou bien encore Levinas dans Totalité et infini), ce livre propose une réflexion très riche, bien documentée, limpide et agréable à lire.