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jeudi, 04 octobre 2018 15:56

Dieu

MullerDenis Müller
Dieu
Le désir de toute une vie
Paris, Labor et Fidès 2017, 158 p.

Premier chapitre: Dieu fait question. Et cette question est au cœur de toute théologie, de toute expérience de vie, de toute action, de toute compréhension de la réalité. L’auteur, après 50 ans d’interrogations, reprend la question en reconnaissant qu’il n’y a pas de fossé entre la réflexion intellectuelle et le vécu personnel.

Dieu n’est jamais saisi qu’en paraboles ou en métaphores (et là le Christ excelle); il n’y a pas de discours direct sur lui. Dieu, un mot de notre langage, semble demeurer un mot-barrage que l’intelligence humaine ne parvient pas à comprendre. Donc, selon l’auteur, pour parler de Dieu, il faut oser parler d’athéisme. Un grand chapitre va y être consacré, passant par Nietzsche, Bergeron, Feuerbach, Ferry et Tillich.

Dans une deuxième partie, Denis Müller reconnaît qu’il est apparemment plus facile de prouver l’inexistence de Dieu que son existence. Comment affronter la brutalité de la mort, assumer les extrémités de l’injustice? De nombreux philosophes et théologiens se sont appliqués à le faire (Thomas d’Aquin, Anselme de Cantorbéry, Barth, Kant, Eckhart, Hegel, Pascal, Heidegger, Dworkin).

Marx nous dit que l’homme, sujet autonome, est à lui-même son propre soleil... Quelle place reste-t-il alors pour Dieu? L’homme pourtant est bien en quête de Dieu, même l’athée est engagé dans semblable recherche. Mais Dieu peut très vite être instrumentalisé, pour une domination de l’homme sur l’homme: il n’y a pas plus destructeur que celui qui s’appuie sur un dieu pour étendre son pouvoir… Et Tillich ira jusqu’à dénoncer le démonisme d’une religion mortifère négatrice des ambiguïtés de la vie. Plusieurs chapitres vont tenter de dépasser ces ambiguïtés, de tester l’amour face à l’épreuve du désir de Dieu et de la fidélité humaine à ce Dieu.

La troisième partie traite du Dieu souhaitable. La quatrième se concentre sur les paris: celui de Pascal, celui de l’existence, celui de la vie qui traverse le néant, celui de l’amour et de la joie. Enfin, la conclusion, de Dieu à Jésus, à travers les évangélistes et le Transformé ressuscité. La lecture est ardue, je m’y suis attelée trois fois mais ne le regrette pas.

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