Et pourtant, c’est bien là que se trouve le cœur de ce processus de rédemption que l’on appelle le «mystère pascal». La fin, la mort sur la croix, le moment où tout est accompli, et le début d’un monde nouveau, la Résurrection, s’y donnent la main. Le Samedi saint n’est ni la mort du Christ ni sa résurrection, mais le point où les deux se rencontrent, le moment du passage de la mort à la vie. Seule la foi est capable de découvrir le lien intrinsèque qui lie les deux événements: un passage, une Pâque ou un baptême, un dynamisme, un élan que l’on appelle la bonne nouvelle du salut.
Telle est la thèse de l’auteur, qui propose une réflexion approfondie sur le Samedi saint perçu comme une terre de passage, l’espace où le temps et l’éternité ont rendez-vous, le biotope qui permet aux chrétiens de vivre leur marginalité entre mort et résurrection (Jean), chair et esprit (Paul).
À partir de cette conviction, l’auteur développe une ample théologie du temps qui passe et ne revient jamais, mais dont l’instant présent, le kairos, est le point où tout bascule vers l’au-delà. Le Samedi saint est parabole de ce point du temps où l’on meurt et ressuscite dans un mouvement qui nous entraîne toujours plus avant, sans s’appesantir sur la croix pour glorifier la souffrance, et sans rêver pour échapper au monde réel. D’où le sous-titre du livre: Le Samedi saint et la redécouverte de l’au-delà.
La dernière section de l’ouvrage intitulée Vivre le Samedi saint de l’histoire propose de très beaux développements sur l’inscription du kairos dans l’histoire contemporaine, préludes à une spiritualité du temps de l’attente, quand tout est déjà là mais pas encore manifeste en surface. Ce livre très original ouvrira de stimulants horizons au lecteur qui aura la patience de le lire jusqu’au bout sans se laisser impatienter par quelques longueurs.