Dans le premier chapitre, elle est une jeune enfant à qui il raconte des histoires et qui l'écoute attentivement. Il essaye de lui expliquer ce qu'étaient les grands-parents chéris. D'où ils venaient. Les humiliations qu'ils avaient subies. Leurs sacrifices. Leurs privations. Il se demande souvent ce que deviendra sa fille. Souffrira-t-elle de son ascendance afro-asiatiques? Ses airs assurés cachent-ils un manque de sécurité?
Nouveau chapitre: sa fille a 13 ans maintenant, un moment charnière dans une vie. C'est pourquoi il sent que l'occasion est venue de lui raconter son propre passé. D'où venez-vous? est l'une des questions qu'on lui a le plus posé au court de sa vie. Sa future belle-mère lui demanda un jour: «Y avait-il des médecins parmi vos ancêtres?» Sa réponse: «Non pas de médecins... nous étions en esclavage.»
Au chapitre suivant, c'est l'incident. Le petit frère de la fille chérie, durant la dernière semaine de classe avant les vacances d'été, se fait traiter de nègre. Il venait de vivre une année difficile: difficultés scolaires et sérieux problèmes de concentration. Il se sent complètement abattu. La grande sœur prend la situation en main. Être une personne de couleur, c'est être marqué, nous dit-il, d'une façon particulière. Suivent de nombreuses pages dans lesquelles il se remémore son passé.
Dans le dernier chapitre, David Chariandy se rend en Europe. Il y rencontre d'autres professeurs qui lui parlent de la Shoah. Avec sa fille, il évoque la grave maladie de sa mère, juste avant sa naissance, apparemment éprouvante, et dont il n'a évidemment pas de souvenir. Mais aussi un bon souvenir, celui de l'accueil que ses beaux-parents lui ont témoigné. Toujours avec sa fille, il partage l'histoire des peuples migrants à travers le monde, persuadé qu'elle a la faculté de voir et d'imaginer. Pourtant, une distance s'établit entre eux... elle est devenue complexe et il y a en elle de la tristesse et un côté fugueur.
Beau livre! Belle écriture à la fois simple et émouvante.