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mardi, 01 juin 2021 10:27

Asile et réfugiés. Repenser la protection

Piguet 1Étienne Piguet
Asile et réfugiés. Repenser la protection
Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes 2019, 184 p.

Ce titre fait partie de la collection Savoir suisse, une encyclopédie du type Que sais-je, couvrant culture, économie, politique, arts, média, littérature et même sports, avec un ouvrage sur le football. Universitaires, chercheurs indépendants, auteurs d’ouvrages d’opinion, c’est une vaste palette que rassemble cette collection novatrice.

Étienne Piguet, titulaire de la chaire de géographie des mobilités à l’Université de Neuchâtel, vice-président de la Commission fédérale des migrations, entre autres fonctions, a porté ses recherches sur les flux migratoires. De l’historique du refuge et de l’asile, on retient que la notion d’asile devient pertinente au XVIIe siècle, anticipant la notion d’asile politique. Certains cantons suisses le savent bien: la révocation de l’Édit de Nantes a forcé des centaines de milliers de réfugiés huguenots à l’exil en terres protestantes européennes.

Avec la Révolution française, on assiste à l’exil des aristocrates vers les monarchies européennes. Au XIXe siècle, les opposants politiques, souvent «progressistes», forment l’essentiel des réfugiés en Europe, ainsi que les internés fuyant une défaite (les 87 000 Bourbakis par exemple). La Suisse, au carrefour des États-nations, en accueille des vagues successives. On sait que les anarchistes et les révolutionnaires russes, notamment, trouvèrent refuge en Suisse, y poursuivant leur œuvre, en phase avec les combats sociaux dans notre pays (les Internationales socialistes).

La désagrégation des Empires et la Première Guerre mondiale génèrent des mouvements de populations sans précédent. Un Haut Commissariat pour les réfugiés naît en 1921 déjà sous l’égide de la Société des Nations à Genève. La Deuxième Guerre mondiale, elle, voit se dérouler des atrocités sans que les victimes puissent se réclamer d’une protection explicite. Ce n’est qu’en 1951 qu’une définition du réfugié est inscrite dans la Convention des Nations Unies.

Le livre ne s’arrête pas là, il se penche sur les soubresauts de l’Histoire au XXe siècle et sur les réfugiés d’aujourd’hui. Il donne des suggestions pour réformer un système qui, selon l'auteur, «refuse la protection et oppose un déni de justice à des milliers de personnes qui en auraient besoin», déplorant que l’asile aujourd’hui se soit fortement restreint.

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