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mardi, 08 juin 2021 11:19

Ella Maillart

MaillartBridget Dommen
Ella Maillart
Dans la tourmente du XXe siècle
Bière, Cabédita 2020, 104 p.

Brigitte Dommen aime présenter à la jeunesse des personnages qui ont marqué l’histoire suisse. Lire ce livre, en temps qu’adulte, c’est s’offrir l’occasion de découvrir une voyageuse exceptionnelle, une philosophe talentueuse, une écrivaine passionnante, ainsi que les évènements qui ont transformé l’Europe et l’Asie au début du XXe siècle.

Experte en navigation et grande skieuse, Ella échoue aux examens d’entrée à l’université. Les violences de la Première Guerre mondiale la poussent à choisir Tahiti comme destination de son premier voyage. En 1930, elle débarque en Russie, où il faut se battre pour tout. Elle reçoit une carte de rationnement mais ne semble pas prendre la mesure des souffrances que Staline impose à son peuple. Elle se fait des amis avec de jeunes sportifs russes et publie en Suisse son livre Parmi la jeunesse russe, qui sera très critiqué.

La vie de nomade l’attirant, elle part aux frontières du Kazakhstan, puis explore à cheval et à pied les monts célestes du Kirghizstan. Rien ne l’arrête. Elle découvre les difficultés sociales et économiques du peuple, tout en admirant sa résistance. Avec cinq voyageurs, elle poursuit son aventure jusque dans les cols enneigés du Sinkiang… la Chine! Ses compagnons retournent à Moscou et elle reprend seule la route, jusqu’au moment où elle n’a plus d’argent et doit rentrer en Suisse.

Ses notes et ses rouleaux de films lui permettent de publier Des monts célestes aux sables rouges, qui connaît un succès immédiat. Elle devient célèbre, reconnue et voyage encore et encore. La Manchourie, la Chine, l’Inde et le Tibet. Puis l’Iran et l’Afghanistan avec une autre Suissesse, Anne-Marie Schwarzenbach. Ella ne se voit pas comme une simple touriste, mais comme une personne sérieuse qui observe et écrit. Son voyage est par moments plein de dangers et de difficultés. Parfois, la nuit, elle entend les loups hurler. Et quand ils croisent des nomades, ses compagnons et elle se livrent au troc pour manger. Un jour, on vole même leurs passeports, les prenant pour des espions russes. Elle ne sera d’ailleurs pas toujours libre de se rendre où elle veut et des hommes armés l’accompagneront souvent.

À la fin de la guerre, la voyageuse rentre en Suisse. Elle se fait construire un chalet à Chandolin, en Valais, à 2000 mètres d’altitude, où elle finira sa vie en 1997, non sans avoir encore conduit des touristes en Corée et au Tibet.

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