L'auteur a entendu à maintes reprises des chrétiens vouloir mener une vie spirituelle authentique sans être entravés par les diktats d'une Eglise dont ils ne reconnaissent pas l'utilité pour leur vie de croyant. Aussi le Père de La Soujeole s'attelle à nous faire comprendre toutes les richesses encloses dans une spiritualité de la réalité « Eglise ». D'emblée il redéfinit ce qu'il faut entendre par « spirituel » - ce qui est animé par l'Esprit de Dieu - et par Eklesia (assemblée) - la communauté que forment tous les baptisés unis au Christ. Car il faut bien admettre que l'Eglise voulue par le Christ est à la fois divine et humaine et qu'entrer dans le mystère ecclésial, c'est entrer de plain-pied dans cette alliance du divin et de l'humain.
L'auteur souligne que le grand danger qui menace notre vie de foi ecclésiale est de séparer dans la communauté chrétienne son aspect humain de son aspect divin. Cette alliance est difficile à vivre. Deux écueils sont à éviter : celui de ne considérer que l'aspect humain de l'Eglise, ce qui amène à vivre une appartenance ecclésiale de façon trop sociologique ; ou, inversement, de vouloir limiter sa vie religieuse au coeur à coeur solitaire avec Dieu, sans les lourdeurs communautaires, en étant sensible exclusivement au merveilleux.
Pour donner sa juste place à une appartenance ecclésiale, il est nécessaire d'être attentif à quelques éléments fondamentaux qui façonnent une vie en Eglise. Les Pères de l'Eglise ont montré l'importance des vertus théologales, auxquelles l'auteur rattache des vertus humaines. A la foi est associée l'obéissance à Dieu ; celle du Christ éclaire la nôtre. Le remède au manque de foi est la mémoire spirituelle qui amène à se souvenir des bienfaits de la miséricorde de Dieu, comme l'invite l'Ecriture.
Comme la foi, l'espérance est une vertu reçue au baptême. La disposition fondamentale de l'espérance est la confiance au Dieu fidèle qui vient à notre secours. A l'espérance, l'auteur associe la pauvreté. Les « pauvres de Yahvé » sont ceux qui sont pleins de désirs qu'ils ne peuvent combler eux-mêmes.
Troisième vertu théologale : la charité. Elle nous met en mouvement, elle nous porte vers autrui. A la charité est associée la pureté : pureté doctrinale qui est la rectitude intellectuelle des énoncés de la foi et pureté liturgique qui permet l'expression de notre confiance en Dieu et de notre amour pour lui.
L'auteur donne avec conviction de nombreuses clefs essentielles pour progresser dans la vie spirituelle et par suite dans une authentique vie ecclésiale. Nous recommandons de savourer lentement cet ouvrage. Il pourrait être un excellent compagnon pour un temps de retraite.