La mi-temps des Objectifs du Millénaire de l'ONU pour le développement approche, mais on est encore loin du compte. A ce rythme, on n'arrivera pas à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici 2015. Les pays industrialisés doivent s'engager plus, notamment la Suisse qui se distingue par son manque de participation et de générosité. Elle aurait tout à y gagner.
Les amis de notre pays s'imaginent souvent que la Suisse est un pays multilingue, habité par un peuple de polyglottes. Parmi les préjugés positifs sur notre pays longtemps - peut-être trop longtemps - idéalisé, figure en bonne place l'idée que tous les Suisses parlent couramment deux, trois, voire quatre langues. La réalité est loin de cette image d'Epinal. Au fond, seuls les Italophones et les Romanches, les minoritaires parmi les minoritaires, incarnent réellement ce mythe : ces périphériques sont les plus suisses des Suisses. Pour les Romands et les Alémaniques, on est loin du compte. Il y a notamment une idée à laquelle seuls les étrangers croient encore : que la majorité des Romands maîtrisent l'allemand. Pourquoi n'est-ce pas le cas ?
Dans une société démocratique, une culture vivante s'entend dans la diversité et le débat. Si elle est le fait de chacun, elle est donc aussi celui de la collectivité, et ce faisant ne peut être confiée aux seules initiatives individuelles et aux lois du marché. Par une politique réfléchie de subventions publiques, l’État doit préserver le patrimoine culturel et encourager le développement de la pensée critique et créative. Réflexions et expérience de Patrice Mugny.
Pourquoi les Suisses aiment-ils et admirent-ils tant Tell, ce héros légendaire si ambigu. Justement parce que cette ambivalence permet à tout un chacun d'y projeter ses propres conceptions de la patrie. C'est ce que montre Christophe Büchi, à partir d'une lecture de la pièce de Schiller, "Wilhelm Tell", jouée cet été sur la plaine du Grütli.
En étudiant l'histoire de la Suisse multilingue, on se rend vite à l'évidence qu'il n'est pas possible de comprendre la question des langues si on ne s'intéresse pas en même temps au christianisme et aux confessions chrétiennes en terre helvétique. Dans notre pays, les problèmes linguistiques et religieux ont toujours été imbriqués de multiples façons. La question religieuse a influencé au cours de l'histoire les relations entre les groupes linguistiques. Mais si la Suisse multilingue ne peut être comprise sans référence au christianisme, pourra-t-elle survivre à une déchristianisation de notre société ? Pour ne pas susciter de faux espoirs, précisons que nous aborderons la question sans prétendre y répondre.