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vendredi, 14 juin 2013 14:16

Inde : boycott des "safaris humains"

A l’appel de Survival International, des milliers de personnes ont décidé de boycotter le tourisme aux îles Andaman, en Inde, pour mettre fin aux "safaris humains" chez les Jarawas, a rapporté le 11 juin 2013 l'agence d'information des Missions étrangères de Paris, Eglises d'Asie.

L’ONG dénonce le fait que se poursuivent toujours des visites guidées illégales qui mettent en danger la survie du peuple indigène, pourtant protégé aujourd’hui des contacts extérieurs par la loi indienne. "Aux yeux des touristes, les îles Andaman s’assimilent de plus en plus aux safaris humains (...), ternissant la réputation de l’archipel", a déclaré Stephen Corry, directeur de Survival International, avouant que la situation avait empiré malgré les mesures prises il y a un an par le gouvernement indien. "Tout cela ne prendra jamais fin tant que les touristes continueront à emprunter la route. Nous maintiendrons donc le boycott jusqu’à la fermeture définitive de celle-ci". L’organisation de défense des droits des peuples indigènes a appelé les agences de voyage et les touristes à s’abstenir de se rendre dans l’archipel (quelque 200 000 visiteurs), jusqu’à ce que la route qui traverse la jungle où vivent les Jarawas, aborigènes des îles Andaman-et-Nicobar, soit fermée et remplacée par une route maritime alternative. L’appel de l’ONG a été relayé par de nombreux médias indiens, The Hindu, The Telegraph ou encore The Deccan Herald, mais aussi par des quotidiens internationaux comme l’International Business Times ou encore The Observer le premier à révéler le scandale des safaris humains en 2012. Les Eglises en Inde, qu'elles soient catholique ou protestantes, toujours très engagées dans la lutte pour les droits des aborigènes, ont également largement participé à la campagne de boycott par l'intermédiaire de leurs propres médias comme The Christian Today, The Indian Catholic ou de sites tels que catholic.org. L’agence de voyages Travelpickr, basée au Canada et en Inde, a été l’une des premières à réagir. "Nous avons été horrifiés d’apprendre l’existence de ces safaris humains chez les Jarawas et nous avons décidé de retirer de notre catalogue plus de quarante circuits dans les îles Andaman", a déclaré René Trescases, directeur de la compagnie. Il dit espérer "que le gouvernement local prenne rapidement des mesures pour faire cesser cette pratique scandaleuse". Quant au tour-opérateur espagnol Orixa Viatges, il vient de retirer à son tour les îles Andaman de ses destinations touristiques. "Nous ne pouvons comprendre ce genre de tourisme et nous pensons que les peuples et les cultures doivent être traités avec respect et ne pas être exploités par des gens sans scrupule qui tirent profit des safaris humains", a expliqué son porte-parole à la presse. Les Jarawas, qui comptaient près de 8000 individus à l’époque britannique, sont estimés aujourd’hui à moins de 400 personnes. Décimés par des maladies contre lesquelles ils n’étaient pas immunisés, les aborigènes sont également devenus dépendants du tabac, de l’alcool et de l’aide alimentaire fournie par les colons et la police en échange de "prestations" pour les touristes. Un jugement de la Cour suprême avait, en 2002, demandé au gouvernement local de réduire au minimum les interventions extérieures et surtout de fermer la route qui traversait la réserve, l’Andaman Trunk Road (ATR). Mais plus de dix ans après ces mesures de protection, la route, loin d’être fermée, a été agrandie et des centaines de touristes indiens et du monde entier continuent de l'emprunter quotidiennement pour observer les Jarawas, avec la complicité des autorités locales. (apic/réd.) A propos de tourisme responsable et de "zoos humains" lire encore le fichier PDF ci-dessous.

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