À sa naissance, le nouveau-né trouve dans son berceau un patronyme qui l’inscrit dans l’espace et le temps. Fruit d’une lignée, chacun apporte avec lui une histoire tissée de figures plus ou moins honorables. Le Christ lui-même n’y a pas échappé. Les évangiles le situent dans le droit fil d’une longue généalogie mouvementée où alternent ombres et lumières. Quant au Dieu inconnu, puisqu’il est invisible, son nom est imprononçable (J.-B. Livio sj).
Des nouvelles notions juridiques de paternité et de filiation modifient le paysage. Même s’il est le fruit d’un désir, l’enfant né hors sol, sans autre ascendance qu’une éprouvette ou un utérus de location, n’est plus l’incarnation d’une lignée inscrite dans l’histoire mais le début d’une aventure individuelle. Faut-il s’étonner dès lors si l’attribution d’un nom de famille fait débat (M. Baddeley et L. Bittar)?
Et il y a les prénoms (Fr.-X. Amherdt). Porteurs de tendresse, de souvenirs, de souhaits, ils révèlent surtout les désirs et les ambitions de ceux qui l’imposent. Les chrétiens plaçaient leur progéniture dans le sillage des saints et des saintes. D’autres, dans le souvenir d’un ancêtre aimé ou célèbre. L’admiration de ses parents pour un héros ou un champion qu’il n’a pas connu accompagnera parfois le nouveau-né tout au long de son existence, sans parler des héros de bandes dessinées, des acteurs et des actrices.
Restent les titres qui si souvent l’emportent sur le nom: Monseigneur, Monsieur le président, le conseiller, le directeur général, le professeur, le colonel, l’abbé, le docteur, et tant d’autres habits de sortie. Si le nom fait exister une personne, le titre la dissimule derrière un personnage qui tient son rôle sur le théâtre du monde: existence précaire et menacée!
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