Une histoire plus récente des rapports entre les deux grandes cultures devenait ainsi nécessaire. L’auteur y consacre un tiers de son livre, en présentant un résumé et une analyse des scrutins historiques et des débats qui, depuis une quinzaine d’années, agitent de manière récurrente la vie commune du couple : l’Union européenne et la politique étrangère, l’immigration, le rôle de l’Etat social, la concurrence économique, l’harmonisation de l’enseignement, l’armée et la défense nationale, etc.
La Suisse romande paraît plus sociale et dépensière, la Suisse alémanique plus parcimonieuse et plus internationaliste. Le dynamisme scientifique et économique de l’arc lémanique exorcise les craintes des Romands face à la concurrence alémanique. Le brassage des cultures et l’immigration relativisent le Röstigraben et les dangers venus de l’extérieur soudent les Suisses entre eux.
Plus tenace, la querelle de l’enseignement des langues à l’école alimente encore quelques vieux ressentiments, mais l’attachement des Alémaniques à leur dialecte et l’intrusion de l’anglais dans les affaires du couple ne font pas reculer le français. Et il serait inexact de parler d’une germanisation du pays, même si dans l’administration fédérale la répartition des postes en fonction des langues laisse à désirer.
Au terme de ce parcours plein d’intérêt, l’auteur dresse, avec une certaine passion, le catalogue de « ce qui nous unit ». L’observateur devient militant lorsqu’il se lance dans de vibrants plaidoyers en faveur des minorités linguistiques, le français, l’italien et le romanche.
Un glossaire, une abondante bibliographie et de bons index de personnes et de matières complètent utilement ce livre, qui permet de relire une histoire suisse sous l’angle de la rencontre de deux cultures majeures.