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mercredi, 23 décembre 2015 09:05

Union suisse

Écrit par

Büchi 36225Christophe Büchi 
Mariage de raison. Romands et Alémaniques. Une histoire suisse 
Carouge, Zoé 2015, 464 p.

L’histoire mouvementée du ménage helvétique avait déjà fait l’objet d’une première publication en 2001 (sous la forme de la traduction française d’un original allemand) recensée par choisir. Depuis il y a eu du nouveau qui justifie une édition réactualisée.
Dans la première édition, le journaliste bilingue Christophe Büchi esquissait à grands traits quelques défis qui commençaient à bousculer la vie commune. Une cinquantaine de pages pour évoquer les questions qui, à l’époque, engrangeaient la mobilisation des citoyens des deux rives du Röstigraben. Depuis, Romands et Alémaniques se sont confrontés à d’autres défis, qui tour à tour les divisent ou les soudent.

Une histoire plus récente des rapports entre les deux grandes cultures devenait ainsi nécessaire. L’auteur y consacre un tiers de son livre, en présentant un résumé et une analyse des scrutins historiques et des débats qui, depuis une quinzaine d’années, agitent de ma­nière récurrente la vie commune du couple : l’Union européenne et la politique étrangère, l’immigration, le rôle de l’Etat social, la concurrence économique, l’harmonisation de l’enseignement, l’armée et la défense nationale, etc.
La Suisse romande paraît plus sociale et dépensière, la Suisse alémanique plus parcimonieuse et plus internationaliste. Le dynamisme scientifique et économique de l’arc lémanique exorcise les craintes des Romands face à la concurrence alémanique. Le brassage des cultures et l’immigration relativisent le Röstigraben et les dangers venus de l’extérieur soudent les Suisses entre eux.
Plus tenace, la querelle de l’enseignement des langues à l’école alimente encore quelques vieux ressentiments, mais l’attachement des Alémaniques à leur dialecte et l’intrusion de l’anglais dans les affaires du couple ne font pas reculer le français. Et il serait inexact de parler d’une germanisation du pays, même si dans l’administration fédérale la répartition des postes en fonction des langues laisse à désirer.
Au terme de ce parcours plein d’intérêt, l’auteur dresse, avec une certaine passion, le catalogue de « ce qui nous unit ». L’observateur devient militant lorsqu’il se lance dans de vibrants plaidoyers en faveur des minorités linguistiques, le français, l’italien et le romanche.
Un glossaire, une abondante bibliographie et de bons index de personnes et de matières complètent utilement ce livre, qui permet de relire une histoire suisse sous l’angle de la rencontre de deux cultures majeures.

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