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samedi, 17 juin 2017 17:06

Baptisés dans le feu

 

AlexiandreDolores Aleixandre
Baptisés dans le feu
Namur, Lessius 2015, 220 p.

La préfacière, Anne-Marie Pelletier, spécialiste de l’herméneutique biblique, a reçu le prix Ratzinger en 2014. Elle nous dit que ce livre est singulier, tonique, libre, provoquant et vivifiant. Laissons-nous donc surprendre et suivons l’auteure, religieuse du Sacré-Cœur qui a enseigné la Bible pendant une vingtaine d’années à l’Université de Comillas à Madrid et qui a été formée à l’école de saint Ignace.

Le parcours est riche... très riche: onze denses chapitres, allant d’un temps d’attente à la relecture des récits d’enfance, en passant par les bergers de Bethléem et les femmes du matin de Pâques, jusqu’aux chemins pour la vie religieuse aujourd’hui.

Alors qu’une fièvre de pessimisme menace de détruire en nous l’espérance de nos jours, ouvrons l’Évangile et écoutons autre chose. Il n’y a, dans les Évangiles, nulle trace de sublimation de la réalité ni de la noirceur de la nuit. « Au temps du roi Hérode » (Lc 1,5) peut être transposé: au temps de Mobutu, de Karadzic, du terrorisme, du fondamentalisme, au temps où des pays vendent des armes à ceux-là mêmes à qui ils offrent de la nourriture... Où est Dieu? Chez les fugitifs qui tentent d’échapper à la mort, chez les dépossédés et les exclus.

Au milieu d’un monde inhospitalier, l’Évangile annonce un Dieu de miséricorde qui ne se comprend que médité dans nos cœurs, après nous être mis en chemin dans l’obscurité. Alors soyons attentifs, car tout ce qui peut paraître banal peut se transformer en lieu de révélation, de dévoilement et de rencontre.

Cependant, souligne l’auteure, la Parole bute souvent sur la peur, ces ténèbres cramponnées au cœur humain. Dans ces moments-là, nous cherchons à posséder, à nouer des liens, à tout connaître pour combler ces manques qui paraissent menaçants. Pourtant, la première demande qui nous est faite c’est de nous laisser aimer. « Les biens les plus précieux ne peuvent pas être cherchés mais reçus » (Simone Weil).

L’auteure nous invite encore à être sur nos gardes face à des paroles excessives dans la prière, et à nous mettre en silence sous le regard d’accueil de Dieu.

 

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