Confrontant le sens primordial du sacré comme dimension innée, inscrite dans l’histoire de l’humanité, avec la vie et la mort du Christ, il parvient à débroussailler un enchevêtrement de notions ambiguës, causes récurrentes de méprises désastreuses pour la vie et la pratique des fidèles. Le lecteur découvrira comment la sacralisation du sacerdoce, des sacrements, de la hiérarchie et finalement du pouvoir clérical s’enracine dans une tendance immémoriale de la condition humaine, qui n’a guère à voir avec la vie du Christ ou l’enseignement des apôtres.
L’incarnation du Verbe a opéré une véritable révolution copernicienne. Par sa vie, son enseignement et sa mort, le Christ, qui n’est pas un prêtre, se situe en opposition avec le monde sacré tel que le concevait le paganisme et l’Ancien Testament. Ce n’est que plus tard, au IIIe siècle (saint Cyprien), que sa mort sur la croix a été réinterprétée sur le modèle des sacrifices païens ou vétérotestamentaires. Dès lors, l’institution de l’eucharistie a souvent été comprise et enseignée à partir de catégories qui ne relèvent ni de l’enseignement du Christ ni de celui des apôtres. Le recours à la Loi et à ses interdits rituels est redevenu la norme.
Au fil de son parcours, l’auteur dégage quelques applications pastorales. Ses conclusions concernant l’accès à la communion des divorcés-remariés m’ont semblées plus timides que celles du pape François. J’aurais souhaité aussi le voir aborder quelques pratiques eucharistiques qui font débat, comme certaines concélébrations, véritables manifestations du pouvoir clérical, ou la célébration de messes individualistes, en l’absence physique de tout fidèle.
En proposant une bonne vulgarisation des travaux des meilleurs spécialistes, ce livre intéressera toute personne désireuse d’approfondir le sens de l’eucharistie. Les catéchistes surtout y trouveront une aide utile pour leur enseignement.