Guyart des Moulins
La Bible historiale
Reproduction du manuscrit de la British Library de 1411
Très grand format (33 x 47 cm)
1850 exemplaires numérotés
Cambremer, Éditions des Saints Pères 2017, 384 p.
L’édition de 1411 est le résultat du travail conjugué d’un traducteur, Guyart des Moulins, d’un copiste, Thomas de Val, et d’un enlumineur connu sous le nom de Maître d’Egerton. Cette «collaboration» qui traverse le temps révèle le statut nouveau du «français». Les riches enluminures et les motifs floraux très finement réalisés montrent que le «français» n’est plus un simple dialecte local, mais qu’il a le statut de langue habilitée à transmettre l’Écriture.
Le texte du document reproduit est rythmé par des titres en rouge, des parties en latin soulignées, des remarques et des gloses. Ceci illustre la technique de travail de Guyart. Le texte traduit de saint Jérôme est précédé d’un petit titre développé -les gloses qui éclaircissent le texte d’un «glose»- et parfois de titres en rouge qui font référence à un maître d’histoire qui «compile» les commentaires savants. Parfois le copiste Thomas de Val ajoute son grain de sel en précédent ses remarques d’un «incident». Par cette écriture à plusieurs mains, la Bible historiale nous fait entrer dans le monde des lettrés du temps. Une passionnante découverte.
Choix du manuscrit
La riche postface de Xavier-Laurent Salvador -professeur agrégé ès Lettre à la Sorbonne et Maître de conférence à Paris XIII qui a guidé le choix du manuscrit et sa tomaison- donne bien plus de clés encore pour aborder directement la Bible historiale et surtout pour développer notre envie de faire nos propres découvertes. Dans la postface, Salvador explique que la Bible historiale procède d’une option théologique différente de celle d’un Pierre Valdo (l’initiateur du mouvement Vaudois) qui fit traduire des passages de la Bible au XIIe siècle. Pour Valdo, l’enjeu était de rendre accessible au peuple le texte biblique lui-même, sans médiation. La Bible historiale, pour sa part, cherchait à expliquer le contexte et à l'éclairer pour le rendre accessible au plus grand nombre. Options différentes, qui trouveront un nouveau retentissement au XVIe siècle.
Une remarque sur le texte de la Bible historiale. Il n’est pas d’un accès immédiat. Il faut s’habituer à la calligraphie et au vocabulaire. La syntaxe et l’orthographe ont beaucoup évolué depuis 1411. Les trésors demandent parfois un certain effort pour être découverts, mais cela peut en valoir la peine.
Pour une approche de l'histoire des traductions de la Bible et mieux comprendre les enjeux qui lui sont liés: La Bible. Traduction officielle liturgique