Diverses situations l'amenèrent ensuite, à 25 ans, à opter pour l'ordre des Franciscains fondé par Saint François d'Assise, avec ce souhait intérieur de pouvoir aller évangéliser au Maroc, comme cinq Franciscains, martyrs. Son vœu sera exaucé, mais malade, il doit rentrer au pays; le bateau pris par la tempête échoue en Sicile. Recueilli par les Franciscains, il va avec eux à Assise pour le chapitre général en présence de Saint François.
Après une courte étape d'ermite, les circonstances l'obligent à prendre la parole dans la cathédrale de Forti, en présence de responsables religieux, évêque compris. Un triomphe, un prédicateur exceptionnel... ce déclic lance Antoine dans un apostolat de tous azimuts: Le Puy, Limoges, Arles, Montpellier, Marseille, diverses régions d'Italie, Rome, Toulouse. Des foules nombreuses, jusqu'à 30 000 personnes, l'écoutent avec ferveur. S'ensuivent de multiples conversions avec la présence de plusieurs prêtres pour les confessions. Et après son passage, souvent, de nouveaux couvents perpétuent l'engagement des croyants enthousiastes.
Un charme particulier en faisant route avec Antoine est d'apprendre quantité d'épisodes heureux en lien avec la Providence. Un récit original parmi d'autres à Rimini: l'opposant Bonvillo ne croit pas au dogme de la présence réelle du Christ dans l'hostie. «Démontrez-moi que l'eucharistie contient le corps du Christ!» Bonvillo choisit la nature et la modalité de cette épreuve «Eh bien, j'ai une mule.... je la priverai de nourriture pendant 3 jours... Je vous l'amène devant l'église. Vous sortirez de l'église et vous porterez le pain consacré. Si, à ce moment, ma bête laisse l'avoine pour s'incliner devant l'hostie, alors moi aussi je courberai ma raison devant les mystères que vous enseignez». Le jour convenu arriva. Antoine, après la messe, avec l'ostensoir où il avait déposé une hostie, sortit sur le parvis de l'église. Une foule immense s'était rassemblée. Bonvillo arriva tirant sa mule exténuée de faiblesse vers Antoine qui s'adressa à la mule: «Au nom du créateur, je te commande, toi animal privé de raison de venir te prosterner devant ton Seigneur». Bonvillo, à l'instant, approcha du museau de la bête un seau d'une avoine bien fraîche. Elle refusa d'y toucher, elle franchit les quelques pas qui la séparaient d'Antoine, et vint s'agenouiller devant l'ostensoir. Elle resta immobile, tête baissée. Antoine lui donna l'ordre de se relever et elle fonça vers le seau qu'elle dévora jusqu'au dernier grain. Admiration de toute la ville. Abjuration des opposants. Ainsi des miracles bizarres jalonnent le va-et-vient d'Antoine. Du reste, lors de la canonisation, au lieu de 3 miracles, l'Église en a retenu pour Antoine 47 miracles.
L'Histoire souligne son rude combat contre les cathares [ou albigeois, patarins, vaudois] au Languedoc et au Nord de l'Italie. «L'hérésie cathare tire son origine dans la lutte que se livrent le bien et le mal, chacun provenant de deux dieux d'égale puissance... Le dieu du bien a créé l'esprit, l'âme [Dieu, ou la lumière]; le dieu du mal a créé la matière dans toutes ses variantes [Satan, ou les ténèbres]... L'homme étant formé de chair et d'os, il est impur, puisque créé par le dieu du mal. Conséquence essentielle: sur le plan moral, comme il n'y a pas de norme, tous les interdits sont levés... une permissivité débridée....Au final, c'est une secte où l'anarchie détruit tout ordre établi».
La renommée d'Antoine le précédait où il était attendu pour prêcher; on voyait les maisons se fermer, le travail cesser.
Ces quelques traits laissent entrevoir le rayonnement de Saint Antoine dont le peuple retient un aspect «il m'aide à retrouver ce que j'ai perdu». Il demeure l'un des plus grands prédicateurs. Par de brefs chapitres et grâce à une écriture alerte, les étapes de cette existence nous enchantent.