Claude Vilain propose quelques pistes à ceux et celles qui veulent entrer dans une vie de prière plus profonde et plus authentique en portant leur attention sur la prière individuelle, celle qui se vit dans le secret des chambres ou qui s’inscrit dans les multiples moments de la vie ordinaire. Deux chemins différents mais complémentaires pour amener notre vie à Dieu.
La relation à Dieu est faite d’un désir partagé : celui qui nous ouvre à Dieu et celui de Dieu de nous rencontrer. L’auteur explicite avec bonheur la prière qu’aime tant réciter le Pèlerin russe: «Seigneur Jésus Fils de Dieu, aie pitié de moi, pauvre pécheur.» «Seigneur Jésus Fils de Dieu»: en prononçant ces mots, nous manifestons clairement tout le mouvement de notre être qui se tourne vers le Christ, mendiant sa présence et son amour. «Aie pitié de moi, pauvre pêcheur »: se reconnaître pécheur nous conduit à une très grande dépendance de la grâce divine; c’est alors que celle-ci abonde.
Lorsqu’elle s’inscrit au début d’un temps de méditation, la prière du cœur vient apaiser l’agitation qui est en nous et nous rend ainsi disponible à la rencontre avec le Seigneur. Dans nos multiples activités, elle recentre nos pensées sur le Christ. Cette prière du Nom, comme le propose l’orthodoxie, peut aussi être dite avec d’autres paroles qui rejoignent nos circonstances particulières: «Seigneur donne-moi ta joie», «Seigneur donne-moi la patience» ou «Seigneur donne-moi ton amour»…
Ces pages sont émaillées de belles citations, entre autres celles des Pères de l’Église et des Pères du désert. Elles nous enseignent avec conviction et enthousiasme que, si nous acceptons de lui ouvrir un espace de rencontre et de dialogue, le Christ, modèle des priants, nous accompagne tout au long des jours pour nous entraîner à le rejoindre.
Monique Desthieux
Marion Muller-Colard
Le plein silence
Aquarelles de Francine Carrillo
Genève, Labor et Fides 2018, 88 p.
Une semaine de silence, une semaine de jeûne, d’Exercices spirituels dans un centre jésuite au pied de la Chartreuse, pour se désencombrer du trop-plein de la vie, pour fuir la tyrannie du «Parle! » et du «Mange!». Marion Muller-Colard nous fait entrer dans un lieu où le silence est «une caisse de résonance», où les mots se «chargent de saveur».
Dans la lucidité, la remise en cause des «éternels recommencements», au lieu vide de la plénitude, dans la «faim qui creuse en soi la gratuité», on perçoit un axe stable dans le Royaume «où les âmes ont une peau / qui frissonne au contact d’autres âmes». La retraitante découvre, comme l’avait écrit Maître Eckhart, que «ce n’est pas le corps qui abrite l’âme / Mais l’âme qui abrite le corps». Ce chemin est pure joie: ainsi souffle «l’éolienne de la joie au […] lieu vide de ma plénitude».
Il n’y a que la poésie pour exprimer ce chemin vers soi, pour partager «l’écume du temps» avec les aquarelles intemporelles de Francine Carrillo. Ce livre ne sera jamais refermé tant que nous ferons naître nos propres mots sur nos expériences de vie.
Marie-Thérèse Bouchardy
Jean-Marie Gueullette
L’assise et la présence
La prière silencieuse dans la tradition chrétienne
Paris, Albin Michel 2017, 224 p.
L’homme qui demeure dans sa cellule intérieure est en présence du «soleil», le Christ qui apaise ses passions. Mais une certaine discipline corporelle est nécessaire pour trouver le repos de l’âme. Origène avait noté que si on a mal aux pieds, on ne peut pas prier debout. L’auteur invite l’orant à trouver une position stable, assise, pour entrer dans la contemplation.
Le corps n’est pas là pour exprimer ce que vit l’âme, mais pour soutenir l’effort de celle-ci afin qu’elle se tienne tranquille. Le corps, par son immobilité, suscite et entretient la paix et le repos de l’âme. L’attitude la meilleure? «Celle qui permet d’aimer Dieu davantage». À chacun d’entre nous de la trouver selon sa situation. Dans les Exercices spirituels de saint Ignace, on retrouve l’acceptation de la diversité des attitudes: «Entrer dans la contemplation tantôt à genoux, tantôt prosterné à terre, tantôt étendu le visage vers le haut, tantôt assis, tantôt debout, toujours à la recherche de ce que je veux.»
Dans le silence, le croyant se tient en présence de l’immensité de Dieu dont le mystère est au-delà de toute représentation. L’âme demeure alors dans ce souvenir amoureux de Dieu présent en elle, aussi réellement qu’il l’est au Ciel. Elle se livre à la grâce comme si elle se laissait réchauffer, un jour d’hiver, par les rayons du soleil.
Cet ouvrage, en nous transmettant l’enseignement de grands mystiques (Macaire l’Égyptien, Jeanne de Chantal, Maître Eckhart, Thérèse d’Avila…), offre une véritable initiation à la vie intérieure et à la disponibilité pour le Tout Autre.
Monique Desthieux
Joël Pralong
Quand nos blessures diffusent la lumière
Bière, Cabedita 2017, 96 p.
L’auteur, qui se donne le pseudonyme d’abbé Jojo la Provoc, nous confie très simplement qu’il fut un enfant impulsif, turbulent, pas très brillant à l’école, d’une part parce qu’il s’ennuyait et d’autre part parce que les autres élèves le provoquaient. À quatorze ans, le regard bienveillant d’un professeur le fit sortir de sa léthargie et il fut atteint d’un bon virus : la passion des études.
Infirmier en psychiatrie, puis prêtre, il vécut de nombreux combats pour accepter qui il était, avec ses blessures, ses colères, ses angoisses. D’où sa compréhension infinie pour le prochain souffrant, à qui il sait parler avec son cœur. De curé de campagne, il devient soudain supérieur de séminaire. Face aux jeunes qui se présentent pour discerner si oui ou non ils ont une vocation religieuse, il s’applique à être simple, à leur donner l’amour de Jésus qui est dans son cœur, pour les accompagner, les écouter et les enseigner. Être miséricordieux avec les autres n’est possible que si on l’est envers soi-même: «Aime ton prochain comme toi-même.» Joël Pralong, qui a souffert d’un manque de confiance en soi et qui a recherché l’estime des autres, sait ce que cela veut dire...
Les thèmes qu’il aborde ici ne sont pas légers: découvrir son identité profonde, doctrine et pastorale, blessures du divorce, de l’homosexualité, des abus sexuels, suicide des jeunes. Mais qui dit renaissance dit dépassement, désir d’amour et de lumière, sortie de son cocon pour aller vers un visage qui l’attend, celui du Père.
Le cardinal Christoph von Schönborn et le pape François sont souvent cités et c’est un vrai bonheur de lire leurs témoignages. Le drame, nous dit l’auteur, c’est de vouloir dicter à Dieu, avec obstination, la marche à suivre, alors que la Parole vient apaiser les cœurs «Aime-toi tel que tu es, comme moi je t’aime, je te façonnerai. Je veux faire de toi une œuvre magnifique.»
Marie-Luce Dayer
Yvan Mudry
Un pur bonheur ! La plus savoureuse des nourritures
St-Maurice, Saint-Augustin 2018, 142 p.
Poursuivant sa quête d’une écriture qui rejoigne l’expérience de tout homme, l’auteur nous offre en ce livre une petite phénoménologie du bonheur. Faisant pleinement droit à la catégorie de l’événement, jaillissement qui vient instaurer un monde nouveau pour celui à qui il advient, il décrit le mouvement de ce qui nous arrive, de ce qui a son origine en amont et qui vient à nous.
Cette nourriture si nécessaire, ce cadeau qui nous emmène ailleurs et qui donne à notre vie un goût de pur bonheur (des petites tâches aux échanges les plus profonds, des sensations négligées aux événements inattendus, des émotions soudaines aux pensées lumineuses), Yvan Mudry en dessine finement les contours. Il pointe aussi l’Origine, cet insaisissable qui s’offre sans se laisser posséder et que les croyants nomment Dieu.
Empruntant au langage des poètes et des mystiques qui disent combien le vrai désir se nourrit et est comblé d’être creusé, l’auteur nous emmène ainsi sur la voie de l’aventure spirituelle. À l’heure du trop-plein et de la confusion sur ce qui apporte le bonheur, ce petit livre est bienvenu pour préciser les chemins inattendus qu’emprunte le «familier du dedans». Il a un goût eucharistique et extatique qui ouvrira de larges horizons à celui qui le lira.
Luc Ruedin sj
Henri Laux
Pour une existence spirituelle
Paris, Facultés jésuites 2017, 110 p.
Il est de petits livres qui fécondent la vie bien plus que les plus grands traités de spiritualité. Celui-ci en est un. L’auteur, avec la finesse et l’intelligence qu’on lui connaît, esquisse par la profondeur de sa pensée et la précision de sa nomination des chemins pour mener une existence spirituelle. «Est spirituelle la force qui agrandit les espaces de la vie et donne son unité au quotidien», écrit-il.
En cinq petits chapitres ciselés -La spiritualité avec ou sans Dieu?, L’enjeu spirituel du moment présent, Éthique et vie spirituelle, Affronter le mal...où est Dieu?, L’adresse à Dieu dans la mystique chrétienne-, la vie spirituelle se décline au quotidien jusqu’à s’épanouir en Dieu. Contrairement à l’immédiateté qui rétrécit la vie, une vie spirituelle s’entend comme le lieu où l’existence se déploie en cherchant des passages, en usant de médiations, en luttant pour un davantage.
L’auteur met remarquablement en lumière ce qu’est une vie spirituelle par-delà toute confession, tout en pointant la spécificité chrétienne en son étonnant pouvoir de libération. Un livre à recommander à tous ceux qui osent le grand large dans le quotidien de la vie.
Luc Ruedin sj
Gauthier Malulu Lock sj, Jean Mboma sj
Ignace de Loyola
Paris, Parole et Silence 2017, 236 p.
Voilà un livre peu ordinaire, écrit par un prêtre jésuite, docteur en théologie spirituelle à l’Université pontificale Camillas à Madrid et enseignant à l’Institut de théologie de la Compagnie de Jésus à Abidjan. En compagnie d’un autre jésuite, il propose un parcours d’Exercices spirituels en suivant la vie incroyable d’Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus.
Chaque chapitre se compose d’une lecture, d’une réflexion et d’un exercice personnel. Les auteurs nous mettent souvent en garde face aux médias rapides qui nous habituent à la culture de l’instantané et qui peuvent faciliter la superficialité en nous donnant l’illusion de la profondeur.
Habitués à parcourir les titres, les images, la table des matières, nous sommes invités à nous défier de notre propre manière de lire. D’où cette question: qu’est-ce que cette lecture a provoqué en moi? Laisser remonter des expériences, des tentations, des victoires et un cheminement... Suis-je en mesure de me laisser surprendre? Chacun aura sa réponse.
Marie-Luce Dayer
RELIGIONS
Pierre Lory
La dignité de l’Homme. Face aux anges, aux animaux et aux djinns
Paris, Albin Michel 2018, 288 p.
En quoi les humains se distinguent-ils des animaux, mais aussi des anges et des djinns? Face au Dieu tout puissant du Coran, l’être humain apparaît fondamentalement faible, fragile, pécheur, même s’il est un sommet de la création (les anges doivent se prosterner devant lui). Sans une loi d’origine divine l’homme est en perdition, car l’homme n’est pas humain en lui-même, il le devient en se conformant à la volonté de Dieu.
Hommes et animaux se prosternent devant l’absolue puissance d’un Dieu radicalement autre. Il n’existe nulle nature humaine ou angélique, mais simplement un statut assigné par Dieu. Ce qui fait l’excellence de Muhammad, c’est d’abord l’élection divine à son endroit. Si l’être humain vient au monde comme une forme potentiellement divine, il peut le quitter en tant que n’importe quoi, un ange, un saint, un prophète, un animal, un légume. L’homme sur terre n’est pas encore un être achevé : il a une trajectoire morale à accomplir, qui va le transformer. C’est la conformation à la volonté divine qui le fait grandir.
L’humanité est un processus, elle correspond à un degré de l’avancement spirituel. Elle n’est pas une donnée naturelle. Les damnés ne deviennent pas des bêtes, ils s’en rapprochent. Le péché humain est central dans le Coran. Dieu tient toute la création dans sa main, à l’exception d’un domaine : la conscience des hommes.
Le Coran peut être lu comme une longue exhortation à croire dans le Dieu unique et à réduire la mécréance. La rébellion de l’homme est l’événement de toute l’histoire sacrale. À cause de la faute d’Adam et d’Eve, le Paradis est devenu un lieu d’épreuve. Le péché fondamental, c’est de s’écarter de Dieu, de refuser le culte dû à Dieu en toute connaissance de cause. Le Coran s’adresse individuellement aux humains: la parole divine du message coranique rend l’homme individuel. Dieu est tout. Il est, au sens propre ; aucune créature n’est en face de lui.
Ainsi le mystique prend conscience de sa radicale inconsistance, de ce qu’il n’existe que par Dieu et en Lui. Le parcours du soufi n’est pas de l’ordre du renoncement, mais le résultat de l’amour qui l’habite. Pour accomplir la louange cosmique, les anges aident les humains, et les saints prennent le relais des grands prophètes. Ils parlent la langue de tous les êtres.
La vision mystique de l’épiphanie divine dans la création semble posséder pour l’auteur une ampleur qui est au terme de sa recherche. L’Homme parfait représente l’aboutissement du déploiement de tous les possibles créés par Dieu. L’homme n’attend pas une résurrection extérieure, il est le lieu de la résurrection. En lui tout sera spiritualisé. L’univers entier n’est un Grand Homme que par l’existence de l’Homme parfait, qui est son âme rationnelle.
Ce livre est une synthèse savante qui fait le point sur l’anthropologie spirituelle de l’Islam en se fondant sur les grands commentaires classiques du Coran et la tradition soufie d’Ibn Arabi. Pierre Lory, en effet, est un spécialiste de la mystique et des traditions ésotériques musulmanes.
Jean-Daniel Farine
HISTOIRE
Joseph Yacoub
Une diversité menacée. Les chrétiens d’Orient face au nationalisme arabe et à l’islamisme
Paris, Salvator 2018, 224 p.
Joseph Yacoub, professeur honoraire à l’Université catholique de Lyon, revient dans ce nouvel ouvrage sur la tragédie qui étreint les chrétiens et d’autres populations minoritaires au sein des États du Moyen-Orient. Les massacres et les expulsions qui durent depuis la fin de l’Empire ottoman, en particulier des Assyro-Chaldéens (dont est issu l’auteur), sont la conséquence de l’incapacité des dirigeants arabes en Irak et en Syrie à concevoir la réalité plurielle des populations qui habitent ces terres depuis des temps très reculés.
Avant et après la Deuxième Guerre mondiale, les nouveaux États (Syrie et Irak) ont été érigés par des dirigeants qui ont réduit la mosaïque de leurs peuples à la seule composante arabe musulmane, en ignorant sciemment les autres (arabe chrétienne, yézidi, kurde, druze, etc.) qui ne rentraient pas dans leur construction idéologique. Ce fut le cas des nationalismes arabes dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis, après leur échec, la continuation de cette même position par la composante islamiste, qui aboutit sous nos yeux à cette catastrophe à l’intérieur du monde arabe.
L’auteur rappelle la première Constitution de l’État irakien, qui fut un essai, mais sans lendemain, d’introduire les minorités. Le débat actuel autour de la nouvelle Constitution irakienne montre que le problème demeure. Par contre, l’idéologie du parti Baas (irakien et syrien) est marquée exclusivement par la référence à l’arabisme et à l’islam et n’accorde aucune réalité aux autres groupes. L’auteur cite à cet égard le discours du fondateur du parti, Michel Aflaq (dont on dit qu’il était chrétien), le 5 avril 1943 à Damas, qui nie l’existence même des autres groupes.
Pour Joseph Yacoub, cette négation de la diversité culturelle aboutit à la marginalisation des chrétiens et d’autres minorités, et à leur calvaire. L’auteur dresse, grâce à une information souvent de première main et à des voyages récents, la carte de l’élimination des populations chrétiennes assyriennes dans le nord de l’Irak et au nord-est de la Syrie, près du fleuve Khabour, entre le Tigre et l’Euphrate.
Le nationalisme arabe et l’islamisme, qui ignorent l’histoire préislamique, conduisent à cette impasse. C’est pourquoi l’auteur fait émerger la mémoire enterrée de ces peuples qui plonge dans un passé très ancien. C’est en redécouvrant leur identité et en se la réappropriant que ces populations survivront. Les divisions à l’intérieur des Églises chrétiennes issues de ces régions masquent trop souvent leur identité commune. La langue souvent les relie. Et les découvertes archéologiques, à partir du XIXe siècle, ainsi que la relecture des sources grecques, latines, byzantines permettent de situer la continuité de l’histoire des «Assyro--Chaldéens», depuis les époques bibliques qui les rattachent à une terre ancienne, la Mésopotamie. Certains épisodes guerriers sont d’ailleurs rapportés par les prophètes bibliques.
Dans une deuxième partie, Joseph Yacoub retrace brièvement l’histoire des chrétientés de l’Iran et du Kirghizstan en Asie centrale. Et la troisième partie analyse plus en profondeur les tenants et aboutissants de la diversité culturelle qui serait une véritable alternative à l’impasse actuelle du monde arabe, «empêtré dans le communautarisme, éloigné d’une citoyenneté réelle à base égalitaire, qui respecte la diversité».
Les analyses de l’auteur, novatrices, même si elles sont très éloignées des développements politiques actuels, en particulier en Irak et en Syrie, méritent qu’on s’y arrête et peuvent être un socle pour bâtir l’avenir des États. Bref, un livre à lire attentivement. On regrettera l’absence d’index des personnes et des lieux.
Joseph Hug sj
SOCIÉTÉ
Gian Domenico Borasio
L’autonomie en fin de vie. Le débat allemand, des pistes pour la Suisse, un enjeu pour nous tous
Lausanne, PPUR 2017, 160 p.
G.D Borasio est professeur de soins palliatifs au CHUV de Lausanne depuis 2011, après l’avoir été en Allemagne. Il reste un bon connaisseur de ce pays et nous offre un petit ouvrage stimulant à partir de l’actualité législative d’outre-Rhin autour du suicide assisté. Discutant la modification législative intervenue en 2015, il montre les difficultés soulevées par cette loi et la manière dont elle pourrait être améliorée. Des compléments ont été apportés à la traduction française, montrant la similitude des questions qui se posent en Suisse.
L’intérêt de ce livre est qu’il est écrit par un praticien des soins palliatifs et non par un juriste. À l’aide de nombreux cas illustratifs, l’auteur nous montre les dangers d’un débat qui se radicalise et où il ne s’agit plus que de savoir si on est «pour» ou «contre». Il nous fait entrer dans la complexité et la richesse des situations de fin de vie où les notions d’histoire personnelle, de communication, d’autonomie et de bienfaisance s’entrecroisent et doivent être appréciées et pondérées par des soignants à l’écoute de leur patient et non pas des sirènes de l’industrie ou des prouesses technologiques.
Un petit livre facile à lire et précieux dans sa manière de remettre le débat sur le plan de l’humanité, même et surtout si cette manière est parfois dérangeante pour les systèmes établis.
Thierry Collaud