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lundi, 02 septembre 2019 10:53

Une brève histoire de la pensée politique en Islam contemporain

Écrit par

ArminjonConstance Arminjon
Une brève histoire de la pensée politique en Islam contemporain
Préface de Gilles Kepel
Genève, Labor et Fides 2017, 232 p.

Constance Arminjon décrit de manière incisive le fossé qui sépare la conception islamique de l’État de celle de la modernité occidentale. Les auteurs islamiques rappellent que la Charia est révélée par Dieu alors que les Constitutions nationales sont le fait de juristes laïcs.

Rashid al-Ghannushi, un des rédacteurs de la nouvelle Constitution tunisienne, écrit en 1993 qu’en «Occident les libertés et les droits ne sont définis ni par Dieu ni par la nature humaine ni par le droit éternel, mais par des rapports de forces. La modernité occidentale consiste essentiellement dans l’indépendance de l’homme vis-à-vis de Dieu.» Ce qui est l’exact opposé de la foi islamique. Celle-ci repose sur la personne de Mahomet, modèle du croyant, à la fois chef religieux, chef politique, chef militaire, prophète et législateur. Le calife est son successeur, la Charia sa loi. L’Arabie saoudite, le Yémen en dépendent, l’État islamique qui vient de succomber voulait l’étendre; c’est le programme de tous les groupes djihadistes.

Les défaites militaires du XIXe siècle ont poussé plusieurs pays musulmans à adopter les armements et les formes d’organisation des troupes occidentales. Dans l’Empire ottoman d’abord, puis au Proche-Orient et au Maghreb, de jeunes officiers prennent le pouvoir en exaltant le sentiment nationaliste et en s’appuyant sur l’Union soviétique athée. Double rupture avec l’unité de l’Oumma et avec le sentiment religieux, provoquant en retour un réveil fondamentaliste et une opposition encore plus décidée aux idées occidentales.

En Iran, l’ayatollah Khomeiny instaure une République islamique d’inspiration chiite, dominée par les juristes religieux; c’est un gouvernement clérical qui dirige depuis le pays. En Turquie, Erdogan rêve d’une restauration du califat.

C’est vraiment sur le plan des droits fondamentaux que la confrontation se durcit. À Paris, en 1981, une Déclaration islamique universelle des droits de l’homme est présentée à l’UNESCO. Inspirée par un congrès de l’Université Al Azhar, elle repose sur la conviction que les vrais droits de l’homme ont été accordés par Dieu aux hommes il y a 1400 ans. Ils sont permanents, éternels et perpétuels par opposition aux pratiques occidentales.

Les auteurs qui appellent à fonder le droit islamique sur des Constitutions modernes et plaident pour un État de droit auront fort à faire pour renverser ce courant majoritaire et gagner l’adhésion des masses populaires.

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