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mardi, 22 décembre 2020 09:08

«L’Église connaît un véritable effondrement»

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P. Jean-Blaise Fellay SJ am 13.6.2016 im Lassalle-Haus in Bad Schönbrunn, 6313 Edlibach, beim Symposium der Schweizer Jesuitenprovinz 2016, aufgenommen von Christian EnderIl est favorable à l’abandon du célibat des prêtres et à l’accession des femmes au sacerdoce. Historien de l’Église, ex-rédacteur en chef de la revue choisir et collaborateur actuel, Jean-Blaise Fellay sj porte un regard critique sur l’Église. Il a répondu sans détour aux questions de Laure Lugon du journal Le Temps sur le tabou de la sexualité, la misogynie et la culture du secret qui entoure l’homosexualité au sein de l’Église. Un article à lire dans son intégralité sur le site des Jésuites de Suisse (en cliquant ici) et sur celui du Temps.

En voici quelques reflets

À propos de la réponse de l’Église à la pandémie, le jésuite pense qu'il aurait été opportun de ne pas uniquement chercher à «offrir des alternatives aux messes», mais de «profiter de cette crise pour insister sur les valeurs» qu'elle défend. Il relève notamment que «l’Église subit la même panique que la société envers la mort (...) La Covid a accéléré la tendance avec l’obligation des obsèques dans l’intimité familiale, ce qui est choquant.»

Jean-Blaise Fellay sj porte un regard très critique sur l’Église qui, selon lui, «est dans une situation misérable. Elle connaît un véritable effondrement, dans la pratique, dans les vocations, dans les ordres religieux.» Et de relever: Aujourd'hui, «le christianisme n’a plus d’ennemis. En revanche, il essuie du mépris.»

Quand Laure Lugon lui demande si l’Église gagnerait à évoluer sur la question du célibat des prêtres, il répond: «Certainement, même si on voit que l’effondrement de l’Église catholique n’est pas dû au célibat, puisque la Faculté de théologie protestante est dans la même situation alors que les pasteurs peuvent se marier.» Il en profite pour rappeler que chez nous «le célibat a été introduit au XIe siècle, à la réforme grégorienne, mais il ne s’est imposé qu’au XVIIe siècle».

Fait-il un lien entre une Église faite d'hommes et le nombre prêtres homosexuels? «L’Église compte, dans certains secteurs, une grande proportion d’homosexuels» concède le jésuite. Et le célibat des prêtres peut sans doute «être pour eux raison d’y entrer. Certains d'entre eux font leur coming out au séminaire, et les choses sont claires.» (...) «Les ouvertures actuelles du pape François aux unions homosexuelles visent à lever les hypocrisies des prélats qui vivent l’homosexualité en fait et la condamnent en parole.»

Pour le Père Fellay, une des conséquences de cet état de fait, «c’est que ce monde vit dans une atmosphère très misogyne. C’est aussi une des raisons qui expliquent le refus de laisser les femmes accéder à des fonctions importantes dans l’Église, quand bien même il n’y a aucune raison théologique valable pour l’empêcher.» Mais il ne désespère pas. «Parce que sinon, jusqu’où faudra-t-il laisser la situation se déglinguer pour qu’on ouvre les yeux? L’Église accumule une somme invraisemblable de retards sur la société.» Il relève un peu plus loin: «Si la question du genre joue un rôle important dans la mise à l’écart (des femmes) des hautes fonctions, celle du pouvoir l’est encore davantage. Je reste persuadé que les hommes ne veulent tout simplement pas partager.»

Et quand la journaliste du Temps lui demande pourquoi l’Église n’assume pas les scandales de pédophilie à répétition, il répond sans détour: «L’Église veut cacher au lieu de résoudre les problèmes. La culture du secret sur les abus sexuels vient de la même culture du secret concernant l’homosexualité. Les évêques sont donc tétanisés lorsqu’une affaire sort au grand jour.»

Fellay JeanPaul2 1984Le pape Jean Paul II, en visite en Suisse en 1984, est présenté à la presse suisse catholique. Jean-Blaise Fellay sj travaille alors à la revue culturelle choisir © DR SeanceChoisir FellayLongchamp 1970Fin des années 1970, Jean-Blaise Fellay sj est secrétaire de rédaction à la revue choisir, à Genève © DR

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