L’auteur passe en revue les «virtualités» qui permettent de penser les relations internationales: le Droit, les États, la souveraineté, l’égalité. Virtualités car il ne s’agit que d’idées régulatrices, qu’il ne faut pas rejeter comme inutiles sous prétexte qu’elles ne s’incarneraient jamais totalement dans l’histoire.
Chemin faisant, Marcel Boisard montre que le multilatéralisme auquel l’Europe est restée longtemps attachée cède peu à peu la place aux accords bilatéraux qui permettent de mieux faire jouer, au profit du plus fort, les avantages comparatifs des uns et des autres. En positif, il montre l’émergence séculaire de l’horizon moral, bien distingué du Droit, sans lesquels les relations internationales ne seraient qu’un vain mot.
La longue expérience de l’auteur lui permet d’incarner ses propos dans des allusions pertinentes aux événements historiques, d’illustrer sa démonstration par l’État-nation. Cet élément central des relations internationales émerge au Moyen Âge occidental, il structure peu à peu l’ensemble des régions du monde, avant d’être rongé tant de l’intérieur que de l’extérieur. L’État-nation demeure cependant la seule base pensable de relations internationales gérables. Loin d’être un manuel un peu sec, l’ouvrage, de lecture agréable, nourrit l’intelligence et la sensibilité du lecteur.