Un brin corrosif, ce livre épingle le monde du travail et la complémentarité des deux auteurs n’y est pas étrangère. Lui est économiste, et il pose le cadre en convoquant d’autres travaux de recherche en la matière pour évoquer la situation en entreprise. Quant à Julia de Funès, elle n’est pas uniquement la petite fille de … mais aussi philosophe et conférencière en entreprise. En faisant appel aux grands penseurs, elle examine ce qui reste encore du sens dans le monde du travail.
Les deux auteurs dressent un portrait de salariés au bord de la crise de nerf, oscillant entre épuisement (burn-out) et ennui profond (bore-out). Des salariés privés d’autonomie, déresponsabilisés par un surplus de procédures trop rigides, contrôlés en permanence par des outils de géolocalisation sous couvert de modernité, baladés de réunions inutiles en séminaires infantilisants.
Du côté des managers le constat n’est pas plus engageant. Trop tatillons ou trop lâches, ces derniers s’ac-crochent à de vieux modèles d’organisation et plaquent sur cette triste réalité un discours prometteur où le bonheur au travail se fait à marche forcée. «Le baby-foot, les plantes vertes et la méditation express du midi se substituent au projet, au travail et au sens», écrivent les auteurs. À défaut de réformer, les entreprises donnent l’illusion d’innover en multipliant séminaires de créativité obligatoires et formations ludiques mais vides de sens, et surtout en invoquant l’injonction suprême à être heureux. Le bonheur: une tâche supplémentaire ajoutée au cahier des charges des salariés sans pour autant leur donner les moyens d’y parvenir.