Exposée aux regards, à l’intrusion dans sa sphère privée, «pathologisée» par le langage que peut parfois prendre la rationalité scientifique, la personne malade devient «objet de soin», réduite à ce corps malade qu’il faut réparer. La vertu de pudeur redonne à l’individu la possibilité de sauvegarder une part de son intimité. Elle est aussi «[…] un moyen d’entrer dans une relation harmonieuse d’amour réciproque».
Étymologiquement parlant, la pudeur partage avec la honte la même racine latine. Le monde des soins doit évoluer sur une difficile ligne de crête pour qu’il ne devienne ni le lieu de la honte, ni celui d’une pudibonderie mal à propos. Comment, dès lors, conserver la bonne proximité dans la parole, le regard ou le geste?
Cet ouvrage mêle expertises de terrain, philosophie et théologie. Les auteurs, par leurs différentes contributions, tentent de dégager une éthique de la pudeur à même de répondre aux (pressantes) interrogations que pose le contexte de la relation soignante de plus en plus institutionnalisé.
À lire encore de Bernard Schumacher, «Peut-on perdre sa dignité?», un article paru dans le dossier Personne de notre revue n° 702, janvier-mars 2022. «On ne cesse, en Occident, d’évoquer la notion de dignité de la personne. Cette notion n’est pas sans receler quelque ambiguïté. La dignité est-elle intrinsèque à la personne ou doit-elle être acquise à force de performance et de raison, ce qui exclurait les plus vulnérables d’entre nous?», s'interroge l'auteur.