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mercredi, 27 mars 2019 10:15

Les vertus de l'enfer

boulleBoulle Peter
Les vertus de l'enfer
Roman
Olizane Genève, 2018, 279 p.

Un soir, un homme se fait aborder par un jeune qui le menace de son pistolet s'il ne lui donne pas son portefeuille. L'agressé, spécialiste des trafiquants de drogues, voit immédiatement qu'il a affaire à un drogué et il lui file un billet.

Sachant que son arme n'est pas chargée, il entame un dialogue et apprend qu'il vient de rentrer du Vietnam, que la guerre l'a détruit et qu'il n'a survécu que grâce aux drogues. Il apprend son identité. L'agressé se rend chez un ami médecin-psychiatre qui soigne les mutilés de guerre. Il apprend, grâce à ses dossiers, la vie pitoyable du jeune homme. On entre ainsi dans la vie des soldats de cette guerre horrible. Une triste leçon d'histoire qui nous émeut profondément. De retour au pays, le soldat s'enfonce encore plus dans la drogue et ne réussit à en obtenir qu'en menaçant ceux qu'il rencontre la nuit dans des rues désertes. Puis, il se met au service de trafiquants qui un jour lui proposent une situation supérieure s'il reprend des cours de chimie avec une femme qu'il avait connue étudiante du temps de ses études. Il accepte et étudie avec ardeur. C'est ainsi qu'il va être envoyé par ses supérieurs, trafiquants dans un pays lointain (l'Etat de Cham entouré de montagnes presque inaccessibles où ils ont ouvert un laboratoire où la production d'opium est très élevée.).
Dans la 3ème partie nous retrouvons notre héros dans l'Etat de Cham. Isolé dans une forteresse, repaire d'un prince birman où il sent monter en lui un état d'âme nouveau devant la beauté des montagnes et des ruisseaux. Le prince recrute des fils de paysans pour cultiver le pavot qui représente, depuis des générations la seule source de leurs maigres revenus. Notre héros travaille avec enthousiasme à produire la drogue démoniaque à un degré de pureté très élevée. Cette drogue devra être transportée dans de gros sacs destinés au riz, sur des mulets, sur près de mille kilomètres de montagne. Puis ce sera la traversée de la Malaisie avant le transport vers les USA. La description des chemins montagneux est passionnante: cols, lacets, ruisseaux, cascades, boue, pluies, pierres etc. Trois milliard de dollars reposent sur eux dans un pays de sauvages. Aux USA, le bureau des détecteurs du trafic de drogues suit l'aventure birmane. Tout leur semble clair... Le convoi de mulets sera attaqué et la fusillade terrible. C'est alors que le héros du début si fragile et si peureux se découvrira fort et intelligent. Il devient un chef, se sent désintoxiqué! Fini la drogue! L'aventure l'a transformé.
[Peter Boulle est l'auteur de «Le pont de la rivière Kwai»]

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