Une lecture superficielle verrait dans cet ouvrage un tissu d’anecdotes, telles qu’en racontent tous les anciens hommes de pouvoir. En fait, sous couvert d’un humour pétri d’humilité (ça va généralement ensemble), Joseph Deiss donne une leçon de civisme et rappelle opportunément quelques points que les étrangers -et peut-être certains Suisses- ont tendance à oublier: par exemple, qu’il n’existe pas en Suisse de chef d’État, mais simplement un Exécutif qui se choisit annuellement un président.
Concernant les relations internationales, le titre en évoque toute la sagesse helvétique: quand le cachalot vient de tribord, il a la priorité, quand il vient de bâbord, il a aussi la priorité. Cette idée, empruntée au navigateur Olivier de Kersauson, est, dès l’introduction, appliquée aux négociations avec l'Europe et aux relations avec les États-Unis («Avec eux, on ne négocie pas: ils présentent la facture, on répond oui ou non!»).
Je vois là non pas du fatalisme mais de la prudence, cette vertu aristotélicienne qui n’est autre que l’intelligence des situations concrètes. Mais pour cela, il faut, comme Joseph Deiss, bien connaître ses dossiers.