Il prend le contrepied du virage inauguré au XVIIe siècle par le juriste Hugo de Groot (dit Grotius) pour qui le bien existe comme principe de l’éthique, indépendamment de Dieu (etiamsi daremus non esse Deus, écrit Grotius, «même si nous osions prétendre que Dieu n’existe pas»). Autant dire que pour Grotius et, à sa suite, pour la modernité, Dieu se soumet au bien. En revanche, pour Jacques Ellul, c’est ce que Dieu veut qui est le bien; et ce que Dieu veut se découvre dans les Écritures.
Ellul ne distingue que très rarement morale et éthique, mais quand il le fait, c’est avec pertinence: la morale désigne les règles générales, écrites ou non, de la vie en société, l’éthique les principes de discernement personnel que la foi découvre dans les Écritures. Discernement personnel, en effet, puisque la Bible questionne plus qu’elle ne fournit de réponses. De cette position personnaliste à la manière de Kierkegaard, Ellul tire une conséquence logique: il n’existe pas d’éthique sociale propre au christianisme.
L'ouvrage est dense et nourrira la réflexion de tous ceux pour qui la culture biblique n’est pas superficielle.