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jeudi, 07 novembre 2019 11:34

«Tu seras rencontreur d’Hommes»

Écrit par

OltramareYves Oltramare
«Tu seras rencontreur d’Hommes»
Labor et Fides 2019, 260 p.

Au soir d’une vie vécue sous le signe de la réussite familiale, professionnelle et mondaine, mieux qu’un examen de conscience, Yves Oltramare se livre à un vaste exercice de discernement.

Banquier et gestionnaire de fortune, membre du Comité d’investissement des Fonds de pension de l’OIT (Organisation internationale du travail), de l’ONU et de l’UIP (Union Interparlementaire), président de la Fondation Louis Jantet de médecine, fondateur de la chaire «Religion et politique dans le monde contemporain» à l’IHEID, l’auteur jette un regard d’ensemble sur son parcours «pour m’éclairer moi-même et le partager avec ceux qu’il pourrait aider».

Si, au temps de sa jeunesse, il avait cru programmer sa vie, les choses se sont passées tout autrement. Hanté par la quête de lui-même, refusant de se croire totalement déterminé, sans pour autant adhérer à la notion de libre-arbitre, il tente de dégager la trame de sa longue vie.

Une constatation s’impose à lui: l’importance du rôle qu’ont joué dans son évolution les rencontres fortuites, depuis les foules en colère de l’entre-deux guerres au temps de son enfance, en passant par la psychose qui a conduit aux krachs boursiers et la montée des idéologies totalitaires fascistes et communistes, jusqu’au monde international dans lequel il est actif. Des personnalités exceptionnelles et amies ont balisé son chemin: des scientifiques de haut niveau, des philosophes, des mécènes éclairés, des témoins des grands mouvements spirituels. Autant d’occasions de clarifier les questions majeures qui l’occupent, celles des origines et du sens de sa vie, le problème du mal et de la souffrance, le mystère de Dieu.

Protestant calviniste très attaché à son Église, il est ouvert au grand courant spirituel qui, mieux que les Églises, conservatrices par tradition et prisonnières de leur orthodoxie, peut lui révéler sa vraie identité. La découverte de Nietzsche marque une étape majeure dans son itinéraire, et la spiritualité d’Ignace de Loyola, en particulier la pratique des Exercices spirituels, lui offre les outils nécessaires à la pratique du discernement. Les retraites ignatiennes, les entretiens avec des amis jésuites ou pasteurs, la lecture de Teilhard de Chardin, le recours habituel à la Bible, les communautés de Taizé et de Grandchamp sont autant de relais qui lui permettent d’affiner sa recherche, jusqu’à cette affirmation en guise de conclusion: «Pour moi, le sens de la Vie, c’est le Christ qui me révèle le Tout-Autre.» Il comprend que connaissance scientifique et spiritualité s’ajustent au point d’être les deux faces d’une même réalité.

Dans le style touchant de sincérité et de liberté d’une confidence, ce livre offre un beau témoignage: la vie profane et la recherche spirituelle ne font qu’un et s’alimentent mutuellement.

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