Le concile Vatican II donne à la tradition musicale de l’Église universelle une «fonction ministérielle», assurant que «le chant sacré a été exalté tant par la Sainte Écriture que par les Pères et par les pontifes romains (…) à la suite de Pie X». La période patristique, en effet, a été déterminante, révélatrice d’une Église mettant en place nos institutions liturgiques tout en gardant une grande proximité avec la Parole de Dieu.
Pour les Pères de l’Église, il convient de se détacher de la musique instrumentale pour se démarquer du monde païen. Les Pères voient par contre dans le chant un vecteur puissant d’harmonie, d’unité et d’ordre. Il est aussi le support d’un texte et permet d’en augmenter l’intelligibilité, donc de parfaire sa réception et son inscription dans la mémoire. Le chant chrétien naît du souffle de l’Esprit et en procède pour crier avec Jésus vers le Père. Le croyant ne peut dire l’Ineffable, il le chante, lui offre son action de grâce, son chant. C’est ainsi que se produit la transformation, le salut et la sanctification de ceux qui chantent et de leur auditoire.
Avec Pie X, la musique sacrée devient participante à l’œuvre de la liturgie, ce que confirme et amplifie ensuite l’enseignement des papes Pie XI et Pie XII, puis le concile Vatican II. La musique sacrée, par son fonctionnement symbolique, donne à entendre l’Indicible sans que jamais il ne puisse être saisi; elle constitue en outre les croyants en peuple ecclésial, un peuple en marche avec le Seigneur et vers Lui.