En Europe, «le djihad», note-t-il, «s’est invité sur le Vieux continent pour un nouveau et inédit choc des civilisations». Les nouvelles violences n’ont plus rien à voir avec la lutte des classes. Des jusqu’au-boutistes musulmans à la crise anti-système des gilets jaunes, il voit arriver le temps des séparatismes et des sécessions, «grave menace pour la République et ses idéaux démocratiques» (comme Elisabeth Badinter qu’il cite, le déplore aussi).
Le modernisme est un gâchis, dont il cite l’exemple du tourisme, aujourd’hui, destructeur partout. La culture, autrefois ferment d’élévation sociale, est devenue l’«imposition par un pouvoir arbitraire d’un arbitraire culturel». «Ceux qui s’assignaient pour mission d’offrir au plus grand nombre l’héritage de la noblesse du monde» sont accusés d’avoir contribué à la reproduction de l’ordre social, selon la thèse de Bourdieu et d’autres (La Reproduction, livre culte de la sociologie des années 70). On retiendra aussi l’abyssale analyse qu’il fait du nouvel antisémitisme.
L’auteur de À la première personne signe sa pensée en disant son émotion devant le parcours glorieux de «ce fils de rempailleuse de chaise» (Péguy) et en regrettant «le temps passé des Temps modernes» (Kundera). Il raconte aussi tout ce qu’il doit à Heidegger.
Ce livre de défense et de nostalgie est dédié à Milan Kundera qui lui a «redonné le goût de la vérité romanesque » (après une errance post-huitantuitarde et déconstructiviste). «Kundera m’a permis de sortir par la littérature, de l’aire de jeu funèbre pour mandarins abstraits qu’était devenu l’espace littéraire.»
Quant à son livre, il le place sous ces mots de Joseph Conrad: «Toute œuvre littéraire qui aspire, si humblement que ce soit, à la qualité artistique, doit justifier son existence à chaque ligne.» Même pour un essai, écrit Finkielkraut, «je ne saurai me soustraire à ce commandement et avec les moyens du bord, je m’efforce de lui obéir.»