S’appuyant, tout en l’exposant, sur la pensée difficile et complexe de Stanislas Breton, éminent métaphysicien de la relation, l’auteur cherche à distinguer entre le «néant par excès», qui donne Vie, et le «néant par défaut», qui détruit et anéantit. Reconnaître l’au-delà et l’en-deçà de l’Être comme deux limites infranchissables, c’est découvrir sa corporéité propre, apprendre à demeurer dans une relation ajustée à soi, aux autres avec qui nous faisons monde, et à l’Absolu.
Si l’auteure s’aventure dans cette recherche, c’est qu’à l’instar de Breton elle sait d’expérience ce qu’une souffrance mal habitée peut avoir de destructeur. Y passer sans trépasser, c’est identiquement être marqué par l’éclair résurrectionnel de la vie exhaussée et vécue alors dans toute son amplitude.
Avec rigueur et souplesse, n’hésitant pas à convier les poètes à la table du discours, Jeanne Bernard-Amour trace un axe selon lequel il serait possible de se tenir debout au milieu même de la complexité dans laquelle nous vivons.
Celui qui s’adonnera à cette lecture exigeante et stimulante découvrira peut-être à son tour quelques pistes pour, traversant l’être et le non être de l’humain, s’ouvrir à la divine douceur. En sa chair, il éprouvera la joie spirituelle.