La mise au jour des détournements de fonds, des avantages indus et des corruptions venus de personnages politiques ou de magistrats dont on attend qu’ils soient aussi irréprochables que la femme de César ne peut qu’affaiblir la démocratie.
La puissance des nouveaux outils d’investigation et de diffusion médiatique accentue le phénomène, en donnant l’impression d’une faillite possible -voire imminente- de la démocratie. Avec juste raison, Jérôme Lèbre fait de la provocation une compagne du scandale. L’une comme l’autre se nourrit du conformisme, qui est la toile de fond de l’égalité propre à la démocratie.
Dans une écriture serrée, dense et difficile à lire, qui demande beaucoup au lecteur, le philosophe auteur de ce livre met au jour le soubassement culturel de ces scandales à répétition. Il pointe l’inadéquation de la réponse qui, pour redresser la barre, en appelle uniquement à la loi, aux règlements, procédures, protocoles, rubriques et sanctions; il en appelle au Droit, qui transforme le scandale en «affaires», préférant le souci d’une justice respectueuse de la singularité des êtres qui peuplent la planète. C’est un beau programme, toujours en devenir, pour les vrais démocrates.