Les réactionnaires ont été beaucoup moins étudiés que les révolutionnaires. Mark Lilla essaie de combler cette lacune en présentant trois grandes figures de la philosophie politique supposées être des témoins de l’esprit réactionnaire: Franz Rosenzweig, Éric Voegelin et Léo Strauss; puis trois événements significatifs: les attentats de Paris en janvier 2015, le «suicide» de la France diagnostiqué par le médiatique Éric Zemmour, et le roman de Michel Houellebecq, Soumission, qui évoque un processus plausible d’islamisation de la France.
Entre la partie de philosophie politique et la partie événements, l’auteur esquisse une histoire de l’Occident centrée sur une présentation suggestive des controverses religieuses issues de la Renaissance et qui ont fait le lit d’une modernité qui montre aujourd’hui sa fragilité. Bref, la nostalgie des réactionnaires se nourrit du fantasme d’un passé merveilleux sur fond d’un avenir sombre.
Le livre, facile à lire, suggestif, permet d’utiles aperçus; il pâtit cependant d’une construction éclatée. L’auteur a rassemblé sous la même couverture des approches disparates qui relèvent de genres littéraires trop dispersés pour porter une véritable réflexion de fond.