Déjà celle d’Irénée, qui dans son livre Contre les hérésies a inséré un véritable traité sur la liberté humaine. Trois siècles plus tard, Augustin, après avoir prôné qu’avec la grâce de Dieu l’homme pouvait trouver la voie de la vraie liberté, fit une tragique volte-face en considérant que pour des raisons politiques il fallait «forcer» les hérétiques et les schismatiques à rentrer dans l’Église. Le Moyen Âge s’appuiera sur ces notoires dires d’Augustin. Ainsi, pour défendre sa foi, l’Église poursuivit-elle l’hérétique lors de l’Inquisition et le condamna-t-elle à la mort au besoin.
Autre zone d’ombre dénoncée par le Père Sesboüé sj: la traite des Noirs. L’Église ne s’est pas suffisamment opposée au principe de l’esclavage par lequel l’homme perd la liberté dans laquelle il a été créé.
Il faut dire que l’Église vit dans l’histoire et est soumise à toutes les lois de son développement. À l’époque de l’Inquisition, on était particulièrement intolérant face à ceux qui refusaient la religion unique du royaume. Quant à la traite des Noirs, elle était tellement lucrative que les grands de ce monde cherchèrent pendant des siècles à la développer. Aussi a-t-il été rappelé au concile Vatican II que «l’Église est toujours à réformer».
Le Père Sesboüé sj cherche à rendre justice à ce que l’Église a réellement accompli et qui risque d’être oublié. Il met en lumière le fait qu’elle a su revenir de ses erreurs et retrouver le chemin de la Vérité. Jusqu’à la fin des temps, elle nous présentera les paroles libératrices données par le Christ qui est l’homme libre par excellence.
Livre passionnant tant les ombres qui ont entaché l’Église sont bien analysées. Ne rejoignent-elles pas les grandes questions d’aujourd’hui: les migrants ne sont-ils pas bien souvent les esclaves de jadis? Et les chrétiens persécutés ne sont-ils pas maltraités comme le furent les martyrs de l’Inquisition?