bandeau art philo
mardi, 08 juin 2021 09:47

Chroniques de l’asile

BrinaAldo Brina
Chroniques de l’asile
Genève, Labor & Fides 2020, 144 p.

Le 2 mai 1992, Zlata Filipovic, 11 ans, se réfugie dans la cave de son immeuble de Sarajevo. Ce sont les premiers jours de guerre dans la capitale bosniaque. Pendant plus d’un an, l’enfant consigne dans son journal intime les détails de son quotidien bouleversé par la guerre. En 1993, le Journal de Zlata devient un best-seller.

À Genève, un jeune garçon de l’école primaire de Pinchat le reçoit pour les promotions de fin d’année. Devenu adulte, Aldo Brina se consacrera à l’asile. D’où ce livre-témoignage d’un jeune homme engagé dans l’aide aux réfugiés à Genève, d’abord au Centre social protestant, puis dans des permanences juridiques et des mouvements associatifs, toujours au cœur du réseau de défense des réfugiés.

Lobbyiste d’une cause humanitaire sans concession face à la logique de l’État de droit -forcément rigide et froide-, défenseur d’un droit d’asile compréhensif face au durcissement pragmatique suisse et européen, il nous emmène dans les bureaux juridiques ou d’entraide, vers ce qui fait le quotidien d’un militant aux côtés d’hommes et de femmes venus de pays en guerre, recherchant un regroupement familial, un visa, un statut de réfugié. Et cela au travers de nombreux prérequis administratifs variés et formels. Le mariage de ce couple syrien, dont l’homme désire faire venir sa femme en Suisse, est-il authentique ou est-ce une tentative de «contourner les dispositions légales en vigueur»?

On ne peut s’attendre à moins du point de vue d’une logique étatique mais, on l'aura compris, ce n’est pas le camp qu’a choisi l’auteur, qui se range du côté de la compréhension inconditionnelle devant une situation difficile ou bloquée, allant jusqu’à ne pas accabler les dealers qui trafiquent dans nos rues, venus parfois de l’asile.

D’un côté, ces collaborateurs totalement dévoués, qui travaillent même la nuit, si nécessaires pour faire aboutir une cause et parfois sauver des vies. De l’autre, l’hydre de l’administration et la raison d’État. Être sans concession face à la realpolitik, c’est le pari d’Aldo Brina, exposé dans ce livre prenant et écrit dans une langue parfaite.

Lu 473 fois