Dans cet ouvrage, l’auteur interroge la notion d’individu et d’appartenances groupales, et donne des balises «visant à nous armer d’une véritable vigilance terminologique». Il dénonce des excès en tous sens (identité morale, affective, collective, ethnique, juridique, physique, génétique, politique, sexuelle, de genre, etc.). Difficile de s’y retrouver!
Le mot même d’«identité» est ambigu, dit Philippe Chanson, car nous sommes des identités vivantes, organiques et donc évolutives, «en fabrication permanente». La notion est donc relative et à relativiser. Et de soulever les embarras qui surgissent lorsque le terme «identité» est associé à des collectifs, tels que identité groupale, sociale, nationale, professionnelle, culturelle, religieuse. «Comment réduire un individu à une totalité socio-groupale?» demande l’auteur.
Pour dépasser ces «embarras», il propose des «pistes de sorties». Il faut repenser l’identité en sortant des schémas classiques et des lexiques rédhibitoires, car nous sommes «entrés dans une ère de métissage à grande vitesse». Nos identités sont toujours ouvertes, elles s’élargissent au contact des autres toujours différents, puisque la trame de toute existence n’est pas l’identique mais bien le «différent». Et de citer Amin Maalouf (Les identités meurtrières) et Édouard Glissant qui propose de passer du Qui suis-je? au D’où suis-je? Pour l’identité religieuse, l’auteur évoque deux primats: celui du groupe sur l’individu et celui de l’individu sur le groupe.
Pour tout ceux qui n’ont pas eu la chance de suivre les cours de Philippe Chanson, ce petit livre condensé ouvre heureusement un champ de questionnements, d’expériences, de recherches infinies pour une fabrication permanente d’un tissage collectif. Merci à l’auteur d’avoir surmonté son appréhension!