Dans un style pince-sans-rire, ce Journal où il ne se passe strictement rien d’important est d’une drôlerie complètement loufoque. Pour certains, il est possible que cette forme d’humour tombe à plat. Pas pour les critiques, qui ont encensé ce livre à l’occasion de sa réédition dans un format de poche. «Un trésor méconnu de la littérature anglo-déconnante», écrit Gérard Lefort dans Les Inrockuptibles.
Si on veut faire un parallèle, on peut penser à Bouvard et Pécuchet, tant ces petites gens collent à leur quotidien et tentent de suivre le courant avec la meilleure volonté du monde. L’humour naît du soin qu’ils s’efforcent à mettre dans ces déambulations microcosmiques et dans la modestie de leurs prétentions, quand bien même ils sont soucieux de tenir leur rang au sein d’une toute petite bourgeoisie anglaise, à la fin de l’ère post victorienne.
Mr Charles Pooter est né sous la plume de George et Weedon Grossmith, deux frères qui s’étaient fait un nom dans la comédie et le théâtre. Les aventures de Mr Pooter, de sa femme Carrie, de leur fils Lupin, bizarre et fantasque, et de leurs amis Gowing et Cummings, l’un un peu mufle, l’autre grincheux, s’animent dans les pages sous le crayon de Weedon.
«20 août – Je suis heureux qu’il ait fait beau pour notre dernière journée au bord de la mer. Nous sommes allés passer la soirée chez les Cummings à Margate et comme il faisait un peu frais, nous sommes restés à l’intérieur où nous avons joué à des jeux de société. Bien sûr, Gowing n’a pas pu s’empêcher de faire le pitre. Il nous a proposé une partie de Côtelettes, jeu dont nous n’avions jamais entendu parler. Il s’est assis sur une chaise et a demandé à Carrie de s’asseoir sur ses genoux, invitation qu’elle a fort justement déclinée.» Délicieux, non?