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lundi, 16 août 2021 11:47

Mozart

Écrit par

BarthKarl Barth
Mozart
Genève, Labor et Fides 2020, 64 p.

En 1956, pour fêter les 200 ans de la naissance de Mozart, le théologien Karl Barth (1886-1968), connu pour s’être impliqué dans des combats politiques, notamment à l’époque de l’Allemagne nazie, a proposé trois essais sur la musique de Mozart, repris ici par Labor et Fides.

Le livre commence par une lettre de l’auteur remerciant un journal de l’avoir invité à écrire … une «lettre de remerciement» à Mozart à qui il parle en direct. Karl Barth se présente comme un protestant face à un catholique devenu franc-maçon à la fin de sa vie. «Chaque fois, lui dit-il, que je vous écoute, je me sens transporté au seuil d’un monde bon, ordonné, qu’il y ait du soleil ou de l’orage, qu’il fasse jour ou nuit. Votre musique est un réel secours.»

Ce livre se lit avec intérêt et exige beaucoup de lenteur et de profondeur. Qui fut Mozart, dont l’œuvre est si riche et la vie si brève? Un mystère … qu’il faut reconnaître pour comprendre comment sa musique a conservé une telle puissance d’émouvoir. Il fut un élève et un maître incomparable qui n’a jamais fait sentir le poids de son travail aux éditeurs, leur offrant simplement la liberté de son jeu avec une simplicité enfantine, lui qui n’a jamais été un enfant puisqu’à trois ans déjà il était devant un piano, jouant sans une faute.

À cinq ans, Mozart se met à écrire de la musique. Il voyage beaucoup avec son père à travers l’Europe, compose des messes, des opéras, des symphonies et des quatuors. Il est élevé au rang de chevalier par le pape Clément XIV. Malgré tout, il n'est jamais orgueilleux. Il n’en a pas le temps! Sa musique vient des sphères où l’on connaît les lumières et les ombres, les joies et les peines, le bien et le mal, la vie et la mort. Sa musique est telle que l’existence, dans la dualité.

Si, dès ses 20 ans, il vit une existence sombre et douloureuse, il y a toujours des notes claires et joyeuses dans ses compositions. Pourtant entretenir une femme et des enfants dans ces conditions n’était pas facile, mais Mozart se sentait au service de la musique, à laquelle il a consacré toute sa vie. En son for intérieur, il se sentait libre, partant d’un centre mystérieux pour faire de la musique. Son œuvre est une magnifique rupture d’équilibre, un tournant décisif: la clarté monte et, sans disparaître, l’ombre décroît, la joie dépasse la douleur, le oui retentit plus fort que le non. Passez de beaux moments avec cette superbe évocation.

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