Plus authentique intellectuel afro-américain que prophète, il fut professeur de théologie systématique pendant toute sa carrière à l’Union Theological Seminary de New York. En théologien, «il a lutté pour la dignité du peuple noir et contre le racisme blanc, non par le fusil ni par les discours, mais par la pensée».
Henry Mottu développe cette note centrale de la personne et de l’œuvre de Cone en sept chapitres. Après une présentation biographique, il mentionne quelques grands précurseurs (F. Douglass, W.E.B. Du Bois, J. Baldwin et surtout M.L. King et Malcolm X), montrant ainsi au lecteur l’arrière-fond socioculturel et théologique de Cone.
Les chapitres centraux du livre sont basés sur les trois principaux ouvrages du théologien noir: Black Theology and Black Power (1969), God of the Oppressed (1975) et The Cross and the Lynching Tree (2011). Partout est présente, développée et précisée -avec des moments autocritiques- la compréhension basique de la tâche de la théologie noire dans le contexte américain: «…analyser la condition de l’homme noir à la lumière de la révélation de Dieu en Jésus-Christ dans le but de créer une nouvelle compréhension de la dignité noire parmi les Noirs et de rendre son âme au peuple noir afin de détruire le racisme blanc». Je trouve particulièrement touchants les interprétations de spirituals et de blues et le parallélisme, très parlant, entre la croix du Christ et l’arbre du lynchage qui a profondément marqué l’histoire des Noirs de 1880 aux années 1950.
Le livre se termine sur une présentation des critiques adressées à Cone. Henri Mottu y ajoute synthétiquement une réflexion sur les forces et limites de cette théologie et sur le racisme qui imprègne les habitudes, mœurs et langages en Amérique comme en Europe. Son livre élargit nos vues sur la réalité ecclésiale et sociétale, tout en nous confrontant à nos propres stéréotypes et racismes … bien cachés.