Face à cette réalité -accentuée encore par la crise de la pandémie- Michel Sauquet cherche des repères pour une culture du doute qui invite à l’humilité, sans pour autant conduire à la résignation et à la passivité face aux nécessités de l’époque.
Romancier, essayiste et chrétien confessant, il propose un parcours de réflexion en quatre chapitres qui débute par la philosophie et la question de la vérité. Suivent un chapitre théologique sur le rôle du doute dans la foi religieuse, puis une réflexion critique sur un abécédaire de termes classiques de la «bien-pensance» et, pour finir, un chapitre sur la mise en question de nos évidences culturelles, un thème qu’il a déjà traité dans des livres précédents (L’intelligence interculturelle, L’intelligence de l’autre). Chaque chapitre est suivi par une brève présentation de quatre personnalités -philosophe, théologien, littéraire et sociologue- qui représentent la thématique.
Le livre fait preuve du vaste horizon d’intérêts de l’auteur ainsi que de son expérience personnelle. La lecture est facile et stimulante, et elle invite à aller plus loin en revisitant certaines des sources citées. Mais nous sommes surtout appelés, en compagnie de l’auteur (qui douta jusqu’à la fin de son projet de livre), à prendre nous-mêmes du recul par rapport à nos certitudes et nos croyances. Le chapitre trois en particulier, avec la remise en question de certaines notions conformistes comme la charité, l’empathie, l’humilité, la tolérance ou les valeurs, invite à un véritable discernement. Autant l’attitude d’humilité et de doute à l’égard de toute certitude s’impose à l’esprit humain critique, autant elle ne permet pas de se retirer de la responsabilité d’agir dans le moment présent: «Le doute ne doit pas être un obstacle à l’engagement et à l’espérance, au contraire», nous dit l’auteur.