L'histoire d'Israël a subi de profondes modifications depuis une vingtaine d'années, dues aux nombreuses fouilles archéologiques, entreprises par des spécialistes israéliens remettant en cause la présentation biblique traditionnelle de l'histoire du pays. D'autre part, les études exégétiques contemporaines de l'Ancien Testament montrent de plus en plus que les textes ont été rédigés à une époque basse, principalement pendant et après l'exil à Babylone, c'est-à-dire à l'époque perse (VIe et Ve siècle), voire même, pour certains, à une époque encore postérieure.
On savait depuis longtemps que les textes bibliques n'étaient pas des compte-rendus d'événements, mais on leur assignait des dates de rédaction beaucoup plus hautes, en tous cas à l'époque royale (à partir du Xe siècle). Aujourd'hui, peu d'études font état de la rédaction des textes avant l'exil à Babylone, au plus tôt à l'époque du roi Josias, à la fin du VIIe siècle. Les dates tardives de rédaction n'empêchent pas de reconnaître l'antiquité d'une tradition précise, comme celles qui sont inclues dans les Livres de Samuel, mais on doit se rappeler que « ces traditions se trouvent désormais en dehors de leur contexte d'origine et qu'elles ont été insérées dans un contexte nouveau ». L'auteur, ancien professeur à l'Université de Rome « La Sapienza », qui est la Faculté de théologie des Vaudois d'Italie, et à l'Institut pontifical biblique, aborde de manière classique les traditions sur la préhistoire du peuple d'Israël, les traditions patriarcales, celles concernant Moïse et l'installation en Canaan, les Juges, David et le règne de Salomon.
Dans la seconde partie, il parcourt les vicissitudes des deux royaumes divisés, Israël et Juda, sans cesse en guerre, jusqu'à la catastrophe, d'abord la fin du royaume du Nord sous le coup des Assyriens, puis celle de Juda sous l'empire des Néo-Babyloniens, avec l'exil. Une dernière partie traite de l'histoire du peuple à l'époque perse, puis grecque, jusqu'à la domination romaine qui s'achève par la dernière révolte juive en 135 de notre ère. On saura gré aux éditions Lessius de fournir à un large public une présentation à jour et « laïque » de cette histoire d'un peuple du Proche-Orient ancien, où judaïsme et christianisme, différemment, reconnaissent l'intervention du Seigneur.
A. Soggin mentionne souvent l'opinion d'autres chercheurs, ce qui permet de forger son propre jugement ou tout au moins d'élargir son horizon de compréhension. Une remarque plus personnelle : comment communiquer les résultats de cette importante recherche aux milieux de la catéchèse ? Il y a là une tâche éducative absolument nécessaire : d'une part, ne pas abandonner la transmission catéchétique aux milieux fondamentalistes ; d'autre part, ne pas réduire le contenu théologique des textes bibliques à une vision simpliste et globale de l'histoire « qui n'est pas vraie », sous prétexte qu'elle ne répond pas aux critères de l'histoire moderne.