Nombreux cinéphiles passionnés de l’œuvre cinématographique de Federico Fellini ont vu au moins quatre ou cinq de ses films. La Strada, La Dolce Vita, 8½, Amarcord ou Casanova. Mais combien sont-ils à connaître l’œuvre de Fellini dessinateur? Du 1er juillet au 4 septembre 2022, le Kunsthaus de Zurich va leur donner la possibilité de découvrir le talent pictural du Maestro à travers près de 500 pièces présentant à la fois des croquis, des esquisses, des photographies, des affiches, des accessoires et des costumes.
Benoît-Dominique de La Soujeole
Paternités et fraternités spirituelles
Paris, Cerf 2021, 104 p.
Les abus dans l’Église ne concernent pas seulement les questions de mœurs. Il y a aussi de nos jours une vigilance nouvelle à assurer contre certains risques autoritaires excessifs dans le cadre de l’animation d’une paroisse (cléricalisme) ou d’un accompagnement spirituel (emprise psychologique). Pour ce faire, à l’aide de l’Écriture et des textes du magistère, l’auteur, professeur de théologie à la Faculté de Fribourg, propose de revoir ce que signifie la paternité que l’on attribue aux prêtres. Saint Paul, en effet, n’hésitait pas à présenter le ministère du Christ comme celui d’un père. L’apôtre des nations se désignait lui-même comme père des fidèles qu’il avait engendrés (1 Co 4,14-17).
Alphonso Lingis
La communauté de ceux qui n’ont rien en commun
traduction de Vincent Barras et Denise Medico
Paris, éditions MF 2021, 178 p.
Ce philosophe américain, né en 1933, professeur émérite à la Pennsylvania State University, formé à l’Université catholique de Louvain et à la Loyola University de Chicago, est très connu dans le monde anglo-saxon comme spécialiste de l’existentialisme. Grand voyageur, il nous fait cheminer avec lui, dans ce livre très bien traduit, dans une réflexion profonde, nourrie de son expérience et de ses rencontres. Il nous parle de trois communautés humaines.
Matthieu Bernhardt
La Chine en partage
Les écrits sinophiles du Père Matteo Ricci
Droz 2021, 472 p.
L’enjeu essentiel de ce livre est d’apporter un nouvel éclairage sur l’accommodation textuelle et éditoriale des écrits de Matteo Ricci, le génial jésuite italien qui s’est imposé comme la référence incontournable de la rencontre entre la Chine et l’Europe. Les écrits de Ricci, en particulier ses Mémoires, n’ont pas échappé aux manipulations bien intentionnées ou intéressées d’éditeurs soucieux de les adapter aux attentes des lecteurs européens pour rendre la Chine attrayante et faire l’apologie de la méthode missionnaire de leur auteur.
Sabine Kradolfer et Marta Roca i Escoda
Femmes et politique en Suisse
Luttes passées, défis actuels, 1971-2021
Neuchâtel, Alphil 2021, 208 p.
Commandité par la Conférence romande des Bureaux de l’égalité et rédigé par un collectif de neuf universitaires, spécialistes en «études genre», cet ouvrage -publié à l’occasion des 50 ans du droit de vote et d’éligibilité des femmes en Suisse- retrace les avancées féministes depuis l’après-guerre.
Maurice Dolmadjian
Meurs et deviens
Du génocide à l’exil
Maisons-Alfort, KIRK Publishing 2021, 382 p.
En 1915, au nom du panturquisme, le gouvernement Jeune-Turc s’adonne au génocide des Arméniens. Ceux qui le nient alors, refusant de voir la réalité en face, ne posent aucun argument pour contrer l’extermination ou la déportation de nombreux arméniens, assyro-chaldéens ou même juifs (par exemple à Diyarbakir).
L’actuel débat, légitimement initié par la Compagnie des pasteurs et des diacres de Genève, au sujet de la féminité ou de la bisexualité de Dieu n’est pas un débat intra-genevois et intra-protestant; il est tout aussi vif dans l’Église catholique, comme on a pu le voir dans la récente célébration d’une messe dite inclusive dans la paroisse Saint-Pierre-de-Monrouge (Paris). L’enjeu est double: comment parle-t-on de Dieu, et quelle est la place des femmes dans l’Église? Ce sont deux questions distinctes, mais connexes, que je me propose de traiter en ordre inversé.
Douha Al Maari, Tristane de Choiseul
La rebelle d’Alep
Paris, Albin Michel 2022, 320 p.
Ce livre est d’abord un témoignage individuel glaçant sur le régime syrien, retranscrit par une femme médecin qui se consacre aux demandeuses d’asile et réfugiées politiques en France. Douha Al Maari est née en 1962 à Alep, dans une famille bourgeoise, musulmane sunnite aux idées plutôt modernes. Elle vit une enfance puis une jeunesse aisée et heureuse.
René Maran
Batouala
préface d’Amin Maalouf
Paris, Albin Michel 2021, 272 p.
Nous sommes en 1921. Une voix s’élève contre le colonialisme, celle de René Maran, né en 1887 en Martinique de parents guyanais, auteur antillais, alors fonctionnaire de l’administration coloniale française en Afrique et en poste à Oubangui-Chari (Afrique équatoriale française). Un fonctionnaire noir d’une autorité blanche. «J’ai mis six ans à y traduire ce que j’avais là-bas entendu, à y décrire ce que j’avais vu. […] Sept ans ont suffi pour la ruiner de fond en comble […] La civilisation est passée par là.»
Daniel de Roulet
L’Oiselier
Genève, La Baconnière 2021, 120 p.
Daniel de Roulet, qui a grandi à Saint-Imier, se penche dans ce roman sur la question jurassienne des années 1970. Le Jura bernois est alors confronté au mouvement autonomiste violent du groupe Bélier, ce qui aboutira le 24 septembre 1978 à la création du canton du Jura. Sur cette période houleuse et des faits réels, l’écrivain engagé brode. Il lance son enquêteur Nicolas de Meienberg (rendant ainsi hommage à ce journaliste courageux) sur une enquête semée de trois cadavres et d’un enlèvement.