vendredi, 15 septembre 2017 00:28

Le mystère à portée de notes

Par son universalité et son immédiateté, la musique est une forme d’art privilégiée. Elle peut nous porter aux arcanes d’une dimension supérieure, ouvrir les cœurs et les esprits aux manifestations invisibles. C’est particulièrement vrai lors de ces moments douloureux et questionnant que sont les deuils.

Jacques Schmitt a créé et dirigé à Genève pendant plus de 20 ans, J-Sonic, un magasin de disques réputé pour sa collection d’enregistrements d’opéras. Il collabore aujourd’hui à Resmusica.com, un quotidien consacré à  la musique classique et à la danse sur Internet.

vendredi, 15 septembre 2017 00:10

Les soins ultimes

Écrit par
Maquillage d'une défunte par Camille Béguin - ©Patrizia Cini

«Embaumer les corps, prendre soin de la vie», tel était le titre de l’exposition organisée en avril par l’Espace Fusterie de Genève. Articulé autour des tableaux de Bernadette Lopez sur la mort et la résurrection du Christ (voir p. 38) et du reportage photographique de Patrizia Cini sur la thanatopractrice Camille Béguin, le parcours invitait à découvrir l’embaumement et à méditer sur l’impalpable après la mort. Rencontre avec deux des protagonistes.

Un entretien avec Camille Béguin, thanatopractrice, et Patrizia Cini, photographe, Genève. - Camille Béguin est maître de cérémonie et la seule thanatopractrice suisse en Romandie. Patrizia Cini est une photographe indépendante. Elle a notamment effectué un reportage sur les abeilles, exposé à Corsier (GE) en 2012.

« Nous sommes en pleine nuit. Les moratoriums sont fermés. ‹Pas en Suisse›, dit Runciter avec un sourire grimaçant. En tant que propriétaire du Moratorium des Frères Bien Aimés, Herbert Schönheit von Vogelsang, bien sûr, venait toujours travailler avant ses employés. (…) Herbert appuya sur une série de touches de commande puis s’écarta.

Depuis 2015, Eugène est un chroniqueur régulier de choisir. Sous ce simple pseudonyme, on reconnaîtra Eugène Meiltz, auteur notamment de La Mort à vivre, illustrations Pierre-Alain Bertola, Genève, (La Joie de Lire 1999, 190 p.) et animateur d’ateliers d’écriture.

Sorrentino Demasile centroamericains 2Après l’ordre exécutif anti-immigration de janvier et les menaces d’abolition du statut des «dreamers», le prochain texte migratoire de l’administration Trump fera très probablement office de nouvelle réforme de la loi sur l’asile. Plusieurs changements dus à de nouvelles dispositions réglementaires et au climat politique délétère, au demeurant, affectent déjà les requérants. À l'image des allégations du procureur général des États-Unis, Jeff Sessions: «Que celles et ceux qui souhaitent encore entrer de manière illégale dans ce pays soient prévenus: nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Nous sommes entrés dans l’ère Trump.» Il espère que les exilés se le tiendront pour dit. Et au cas où le message ne suffirait pas, Jeff Sessions a enjoint aux procureurs de requérir les peines les plus lourdes en cas de franchissement clandestin de la frontière.
Image ci-contre:
Maria Estella et ses deux enfants -Anderson Ariel (4 ans) et Diego (2 ans)- dans le refuge de «Jésus le bon pasteur» à Tapachula, une ville frontalière entre le Mexique et le Guatemala. Maria Estella et son mari vendaient des fruits et des légumes au Salvador. Ils devaient payer un impôt dꞌextorsion au groupe criminel Mara Salvatrucha (MS). La MS a augmenté l'impôt initialement fixé à 25 dollars US par semaine. Maria et son mari, qui ne gagnaient jamais plus de 30 dollars par semaine, ont dû partir dans un délai de soixante-douze heures pour éviter la mort. © Joseph Sorrentino

dimanche, 17 septembre 2017 14:49

Le sentier escarpé de Jullien

Francois JullienFr. Jullien, 2013 © Claude Truong-NgoComment exister sans y être appelé?

Qu’est-ce qu’«exister»? Le sinologue François Jullien, l’un des philosophes contemporains les plus traduits, puise désormais dans la pensée chrétienne pour répondre à la question. Il ose ainsi affirmer qu’exister, c’est vivre dans ce monde sans être de ce monde. Mais impossible pour lui d’aller jusqu’à dire que l’homme existe grâce à l’Autre. Le théologien et essayiste Yvan Mudry nous propose une présentation critique de l’œuvre de François Jullien, soulignant ses contradictions.

François Jullien a forgé un outil remarquable. En comparant culture occidentale et culture chinoise, il a, dans un premier temps, mis en évidence d’importantes zones d’ombre de nos systèmes de pensée.

lundi, 18 septembre 2017 10:21

Christianisme oriental

Evangeliaire de RabbulaÉvangéliaire de Rabbula, Syrie, VIe s. Manuscrit enlumine
© Biblioteca Medicea Laurenziana
Le contexte sensible dans lequel s’inscrit Chrétiens d'Orient - Deux mille ans d'histoire donne à l’exposition parisienne de l’Institut du monde arabe (IMA) une dimension contemporaine. Sa perspective est pourtant historique, puisqu’elle relate les deux millénaires d’une histoire née -on l’oublie- au Moyen-Orient, entre le Tigre et l’Euphrate. À l’encontre des idées reçues qui mettent dos à dos chrétiens et monde arabe, l’exposition révèle la rencontre de deux cultures qui se sont nourries de leurs échanges et de leurs différences intellectuels et artistiques. Rencontre avec Raphaëlle Ziadé, commissaire scientifique de l’exposition, spécialiste du christianisme oriental.

 Une exposition à voir jusqu’au 17 janvier 2018

Vierge de FatimaVierge de FatimaEn mai, mois de Marie, les femmes demandent traditionnellement au prêtre de formuler les règles à suivre. «Mais les dames sont malignes. Si la recommandation du prêtre ne leur plaît pas elles s’adressent à un autre jusqu’à ce qu’elles trouvent la réponse qui leur plaît», s’amuse le Père Hallak sj du Service jésuite des réfugiés (JRS) d’Alep dans son journal. De mai à juillet, «la vie a continué son train normal, ou plutôt ce que nous considérons à Alep comme normal: longs trajets périlleux, manque d’électricité, stagnation de l’économie, chaleur torride, etc.» Trois phénomènes marquent aussi ces derniers temps: «une pénurie en forces humaines jeunes, un non-retour des familles musulmanes déplacées, une investigation policière intense.»

ScannoneLa théologie du peuple vient combler un vide et se propose, comme l’énonce son auteur, le jésuite Juan Carlos Scannone, de satisfaire la «saine et intelligente curiosité du public français et francophone sur le nouveau pape». Ce pape «du bout du monde», comme il s’est lui-même présenté, au langage simple et direct, déconcerte les Européens sécularisés car ses références et son style ne sont pas les leurs. D’un point de vue spirituel et pastoral, la réflexion du pape François s’inscrit dans le courant de la théologie du peuple, peu connue des milieux francophones. Un des principaux représentants de cette théologie est précisément le jésuite Scannone, un ami personnel et de longue date du pape François.

Juan Carlos Scannone
La théologie du peuple
Racines théologiques du pape François
Namur, Lessius 2017, 272 p.

mercredi, 04 octobre 2017 11:35

Se tenir là

Écrit par

Cimetieres© Pierre Emonet«La mort est grande
Nous lui appartenons
Bouche riante
Lorsqu’au cœur de la vie nous nous croyons
Elle ose tout à coup
Pleurer en nous»
(Rainer Maria Rilke, Le livre des images, 1902)

Croyants ou incroyants, nous autres les humains, dans l’insouciance des jours ou l’inquiétude de la nuit, nous ne cessons de nous croire immortels. Je veux dire qu’absorbés dans les tâches quotidiennes, nous faisons comme si la mort ne nous concernait pas. Et lorsque, atteints par le deuil d’un être cher, deuil qui nous soustrait au divertissement et nous recentre sur l’essentiel, nous exprimons l’intime de ce que nous vivons, demeure comme le sentiment d’être exclu, étranger à cette mort qui nous ravit l’être aimé, comme arrêtés à la frontière d’un monde auquel seule notre propre mort donnera accès.
De la mort comme telle, il n’est donc nulle expérience et nulle pensée possible, car le «rien» qu’elle «est» ne peut qu’imposer le silence à toute pensée, tout discours. En effet, comment en parler puisque cet événement unique, qui nous concerne pourtant, échappe précisément à notre expérience intramondaine?

Installation de Cécile Wesolowski (mars-avril 2016) - © Cécile Wesolowski

Un vent nouveau souffle en Occident sur ce qui touche au souvenir du défunt, amorçant une période de «réappropriation du mort» ainsi que des rites autour de la mort. Alors que les cimetières traditionnels sont de moins en moins visités, les mémoriaux éphémères et virtuels se multiplient comme autant de moyens de réécrire l’histoire et d’affirmer le désir de vivre en société.

Jeltje Gordon-Lennox est psychothérapeute et célébrante séculière à Genève. Elle est l’auteure d'ouvrages en français et en anglais sur les rites lors de temps de passage. Parmi eux, Mariages. Cérémonies sur mesure et Funérailles. Cérémonies sur mesure (Genève, Labor et Fides 2008 et 2011). Cet article a été écrit à l’occasion du vernissage de l’installation de Cécile Wesolowski (2016), au Kunstraum de Potsdam (D).