Elisa Shua Dusapin
Les Billes de Pachinko
Genève, Zoé 2018, 138 p.
Quand les silences sont habités d’une histoire douloureuse, ils deviennent porteurs de lourds non-dits…
Novembre 1959, le premier éditorial de choisir, signé par le jésuite suisse Jean Nicod sj, relevait combien il est difficile pour une revue romande d’intérêt général de survivre longtemps: 60 ans plus tard, le pari est gagné. choisir prend même place parmi les plus anciennes revues culturelles de Suisse romande! Nous sommes heureux de partager cet événement, avec vous, chers lecteurs et lectrices, qui nous suiviez fidèlement depuis des années ou depuis peu.
Le milieu de l’horizon, c’est ce moment de la vie, parfois douloureux, où l’on bascule du monde de l’enfance à celui des adultes. C’est le chemin que doit prendre Gus, 13 ans, fils de paysan, pendant un été européen caniculaire où les récoltes et les bêtes se meurent. Où tout craque et se fissure, y compris l’équilibre familial que l’on croyait acquis. À la fois drame social et fable métaphorique, cette adaptation pour l’écran du roman de Roland Buti par la réalisatrice Delphine Lehericey est une réussite. Le film a été récompensé par le Greenpeace Award au Festival de San Sebastian.
Nous sommes en 1976, comme l’indiquent dans une scène du début, toute en pudeur et délicatesse, les images et le titre (Emmanuelle) du magazine piqué et feuilleté par Gus à l’abri des regards. L'adolescent pose sa tête sur la photo de la poitrine féminine dévoilée.
Synode sur l’Amazonie, forêts en feu, politique anti-indigènes du président brésilien Jair Bolsonaro. Depuis l’été, cette région du monde enflamme les esprits, au vu de son importance écologique pour la survie de l’humanité. Forts de ce motif, d’aucuns, comme le président français Emmanuel Macron, appellent à donner à l’Amazonie un statut international -et tant pis pour les États concernés- dans la droite ligne du droit d’ingérence humanitaire régulièrement brandi. Aussi séduisante qu’elle puisse paraître face à l’urgence climatique, l’idée relève d’une nouvelle forme de colonialisme et ne fait qu’apporter de l’eau aux moulins des nationalistes.
La proposition de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève, Fribourg, de réduire de moitié le nombre de prêtres dans son diocèse, en particulier les prêtres étrangers qui forment aujourd'hui la moitié de l'effectif, soulève de bonnes questions, notamment celle du sens de la Mission et du cocktail nécessaire pour que celle-ci soit une réussite. Fuite des cerveaux, intégration des missionnaires dans les communautés locales ont été abordées dans notre édition d'octobre 2019, avec le Lucernois Martin Brunner-Artho, directeur de Missio, et le guinéen Comé Traoré, de la basilique Notre-Dame de Genève.