Maurice Dolmadjian
Meurs et deviens
Du génocide à l’exil
Maisons-Alfort, KIRK Publishing 2021, 382 p.
En 1915, au nom du panturquisme, le gouvernement Jeune-Turc s’adonne au génocide des Arméniens. Ceux qui le nient alors, refusant de voir la réalité en face, ne posent aucun argument pour contrer l’extermination ou la déportation de nombreux arméniens, assyro-chaldéens ou même juifs (par exemple à Diyarbakir).
René Maran
Batouala
préface d’Amin Maalouf
Paris, Albin Michel 2021, 272 p.
Nous sommes en 1921. Une voix s’élève contre le colonialisme, celle de René Maran, né en 1887 en Martinique de parents guyanais, auteur antillais, alors fonctionnaire de l’administration coloniale française en Afrique et en poste à Oubangui-Chari (Afrique équatoriale française). Un fonctionnaire noir d’une autorité blanche. «J’ai mis six ans à y traduire ce que j’avais là-bas entendu, à y décrire ce que j’avais vu. […] Sept ans ont suffi pour la ruiner de fond en comble […] La civilisation est passée par là.»
Daniel de Roulet
L’Oiselier
Genève, La Baconnière 2021, 120 p.
Daniel de Roulet, qui a grandi à Saint-Imier, se penche dans ce roman sur la question jurassienne des années 1970. Le Jura bernois est alors confronté au mouvement autonomiste violent du groupe Bélier, ce qui aboutira le 24 septembre 1978 à la création du canton du Jura. Sur cette période houleuse et des faits réels, l’écrivain engagé brode. Il lance son enquêteur Nicolas de Meienberg (rendant ainsi hommage à ce journaliste courageux) sur une enquête semée de trois cadavres et d’un enlèvement.
«Élégie aux vingt mille femmes albanaises violées par l’arme et la police serbes dans la guerre du Kosovo de 1998-99.»
La dédicace de ce livre laisse prévoir l’horreur des viols. C’était au Kosovo, mais ce pourrait être partout ailleurs où une guerre est déclenchée. La barbarie, les brutalités, les viols accompagnent les génocides pour asservir plus fortement si besoin en était la population civile. L’auteur, kosovar émigré en Suisse, hurle son dégoût pour cette tragédie dans des poèmes poignants, tout en se sentant culpabilisé par son exil qui l’a empêché de protéger ses proches.
Née à Vienne en 1912 et décédée en 2001 à Bâle, l’auteure, encore enfant, est envoyée en 1920 par la Croix-Rouge en Suisse. Elle y a fait ses études d’infirmière en pédiatrie à Zurich. Engagée auprès du Secours suisse des enfants, elle part pour le camp de Rivesaltes (Pyrénées orientales) où sont entassés dans des conditions épouvantables entre 17'000 et 18'000 détenus espagnols, tsiganes et juifs, sous l’occupation allemande. Elle se jette à corps perdu pour distribuer du riz et tenter d’améliorer l’hygiène, de soigner comme elle le peut les malades et d’en faire sortir quelques-uns.