Depuis plusieurs semaines, les recrues sont confinées dans les casernes et les soldats d’hôpital et sanitaires déployés sur le territoire suisse en renfort. Entre anxiété et fierté de servir, les militaires trouvent une oreille attentive auprès des aumôniers de l’armée. Comment gèrent-ils la situation? Témoignages.
À travers le portail d’entrée de la place d’arme de Chamblon dans le Nord vaudois, le linge propre s’échange contre du linge sale. Les recrues de la caserne d’infanterie viennent de l’apprendre, il n’y aura plus ni week-end ni sortie jusqu’à nouvel ordre, pandémie de Covid-19 oblige. Un régime imposé aux écoles de recrues, d’officiers et aux cours de répétition, depuis deux semaines déjà. Les proches sont donc rentrés seuls pour faire la lessive. Pour Laurent Lasserre, pasteur vaudois et aumônier militaire de la caserne, cette scène, «c’est du jamais vu».
Dans ce moment historique particulier en Europe et dans le monde entier, les paroles des débuts de l’Évangile de Jean résonnent comme une invitation à me, à nous laisser éclairer. L’invitation vient de la lumière, de cette lumière qui «éclaire tout homme [être humain]» et qui illumine également tout corps (Jean 1,9-10).
Plus tard Jean parle du corps comme d’un temple, qu’il nous est donné aujourd’hui de redécouvrir par la quarantaine et l’isolement. Le corps qui est essence et existence, qui est le vecteur du Souffle vital et «unique sanctuaire», comme le revendiquait humblement Maurice Zundel.
Nous vivons une époque anxiogène, traversée de grandes peurs collectives: dangers climatiques, surpopulation mondiale, nouvelles épidémies (celle du coronavirus faisant office de dernière née), exodes migratoires, brutalités urbaines, complots de toutes sortes, transhumanisme et intelligence artificielle... Face au danger, deux réactions sont courantes: l’évitement, qui peut se traduire en déni ou je-m’en-foutisme, ou la riposte. Si cela se révèle souvent opportun sur le plan individuel, c’est rarement le cas au niveau politique.
«Nombre de personnes identifient la méditation aux voies orientales ou à la méditation de pleine conscience, et occultent ainsi tout un pan de la tradition chrétienne», relève Luc Ruedin sj, membre du conseil de rédaction de choisir, dans l’introduction de son livre Saisis par Dieu, une lecture du «Livre des demeures» de Thérèse d’Avila. Un opus consacré au maître-livre de la Sainte, Le Château intérieur, qui «en des pages vivantes et lumineuses décrit l’itinéraire de l’âme vers Dieu» et dont le jésuite propose une relecture. Cécilia Dutter, romancière, essayiste et présidente de l’Association des Amis d’Etty Hillesum, a lu et recensé ce livre dont elle en dit le plus grand bien.
«Au Moyen-Orient, la génération montante souhaite dessiner les perspectives de son propre avenir et contribuer à la transformation de la société au-delà les frontières», se réjouit le président de la Fondation Jésuites International Tony Kurmann sj. C'est pour cela que l'organisation caritative des jésuites suisses soutient, notamment en Égypte, des programmes de Liberal Studies qui encouragent les jeunes à agir en tant qu’acteurs fédérateurs et les préparent à devenir les références de demain.
La pandémie du coronavirus a mis entre parenthèse le traitement médiatique d'autres situations de crises dans le monde. Mais sur le terrain, les choses se poursuivent, comme en Syrie où la guerre n'est pas finie. Dans cette vidéo de l'agence Fides, le Père Victor Assouad sj, d'origine syrienne, ancien provincial de l'Ordre des jésuites du Moyen-Orient et actuel assistant du Préposé général pour l’Europe occidentale, décrit la situation économique dramatique de son pays. «La population syrienne vit dans une condition incertaine et difficile, qui devient actuellement insoutenable pour les plus faibles alors que l’on constate une sensible diminution des communautés chrétiennes.»
Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Fribourg, Genève et Neuchâtel, a signé un décret stipulant l'arrêt provisoire de toutes les messes dans le Canton de Genève, et ce jusqu'au 15 mai 2020, y compris pendant la Période pascale. Il s'agit pour l’Église de suivre les nouvelles consignes du Conseil d’État genevois pour lutter contre la propagation du coronavirus, des mesures qui concernent aussi les offices religieux. «Hormis la question du nombre de participants, c'est surtout l’impossibilité de garantir le respect de la distance sociale de 2m entre chaque personne qui pose problème», explique l'évêque.
La Conférence catholique des baptisé-e-s francophones prend acte de l’encouragement que contient l'exhortation apostolique Chère Amazonie du pape François, pour les catholiques. Elle les invite à être inventifs en matière de ministères, de célébrations et de rites, dans la conformité au génie du christianisme, afin qu’ils se sentent totalement responsables de l’annonce de l’Évangile, sans attendre une approbation de la hiérarchie.
«Que dire d’un gouvernement [l’Église catholique romaine] des temps modernes qui canonise presque tous ses dirigeants?» s’interrogeait dans votre revue, en avril 2011, non sans amertume, Thierry Schelling, qui documentait avec précision toutes les béatifications ou canonisations de papes dès le début du XXe siècle (l’Église avait une certaine retenue précédemment), le cas de Jean-Paul II étant très particulier, puisque «Benoît 16 béatifie le confrère, ainsi que l’orthodoxie de ses écrits… auxquels il a lui-même passablement contribué! [en tant que directeur de la Congrégation pour la doctrine de la foi dès 1981]» (cf. Choisir, 2011/04, pp. 18-21).
À ces remarques pertinentes sur le «culte de la personnalité» que représentent toutes ces glorifications corporatives, on peut ajouter la manie des papes actuels de flatter tous les peuples possibles en canonisant leurs ressortissants à tour de bras, ce qui représente essentiellement des opérations de relations publiques et n’a évidemment que fort peu d’assise théologique.
Un principe simple permettant de se prémunir contre cette dérive démagogique consisterait à fixer une règle selon laquelle un délai minimum s’impose entre le décès d’une personne et sa canonisation: un siècle, par exemple, en tout cas au moins 50 ans. On s’assurerait de la sorte de ne mettre au panthéon que des «saints» dont la mémoire aurait été conservée un temps substantiel, présentant ainsi un minimum de garantie de substance. Rappelons que l’avant-dernier pape a reçu la consécration suprême moins de 10 ans après sa mort!
À la recherche de la Source qui donne sens à nos vies
On s’enrichit d’autant plus des expériences spirituelles des autres qu’on demeure profondément des chercheurs. Quand nous acceptons d’endurer le vide que creusent en nous le retrait des autres et le sentiment d’absence de Vis à vis, nous parvenons à lâcher nos dieux imaginaires et à nous approcher de cette Source intarissable qu’on appelle traditionnellement Dieu.
• Date : samedi 7 mars 2020
• Heures : 14h à 17h
• Lieu : centre paroissial de Romainmôtier
• Animatrice : Lytta Basset, philosophe et théologienne, formatrice en accompagnement spirituel
Découvez-ci dessous l'interview de Lytta Basset, par Céline Fossati, réalisé pour la revue choisir et son dossier Coach, maître ou accompagnateur: sommaire de notre numéro 689.
C'est avec une profonde émotion que nous avons appris que notre ami Jerry Ryan nous a quittés le 23 janvier 2020 dernier.
Jerry avait écrit pour notre revue une trentaine d'articles, d'une grande beauté spirituelle, de 2003 à 2016. Des articles inspirants, d'un homme tourné vers l'Autre et les autres, à la foi ancrée dans le quotidien, parfois traversée par le doute, mais le plus souvent par la lumière de la Résurrection.
En 2017, 750 personnes ont été condamnées en Suisse pour délit de solidarité et les poursuites pénales se multiplient contre les personnes qui viennent en aide à ceux et celles qui sont dans la détresse. Les requérants d’asile qui ont reçu une décision négative ou une non-entrée en matière et qui doivent quitter le territoire national ont bien droit à une aide d’urgence jusqu’à leur départ… à condition d’en payer le prix fort en renonçant à l’accès à la formation, à l’intégration, au marché du travail, en un mot à une vie digne. Résultat de la négociation: repoussés dans les marges, nombre de requérants entrent en clandestinité, et les personnes qui leur offrent une aide désintéressée sont condamnées.
Encore ému par la devise Baptisé et envoyé du mois d’octobre dernier -le mois missionnaire extraordinaire-, le président de la Fondation Jésuites International Tony Kurmann sj déclare que nous sommes tous appelés à faire la différence. Et de se demander: «Mon engagement personnel a-t-il réellement une répercussion?» Même si nous peinons parfois à apprécier les petits fruits de nos engagements, le jésuite est persuadé que «quiconque est prêt à prendre ses responsabilités fait évoluer les choses. À Noël, nous nous sommes souvenus d’un homme qui faisait, partout où il allait, une différence. ‘Il n’y a rien que tu puisses faire’ ne faisait pas partie du vocabulaire de Jésus.»