La dernière partie du film est dominée par les deux conclaves à Rome auxquels a participé Son Éminence (il ne voulait pas qu’on l’appelle ainsi). Au fil de ces tranches de vie, se dessine le portrait d’un homme exceptionnel : humble, travailleur, chaleureux, généreux, qui a toujours tenu à garder une vie simple et proche des pauvres. Un grand homme d’Eglise, notre très Saint Père.
Écrit et réalisé par l’hispano-argentin Beda Docampo Feijóo, Le pape François est un film que j’ai vu avec intérêt, mais qui pèche formellement par trop de sagesse et une absence de point de vue. Le projet lui-même - proposer un film biographique sur une personnalité contemporaine si présente dans l’esprit des spectateurs - paraît périlleux : dès qu’apparaît à l’écran l’acteur argentin (Dario Grandinetti) qui incarne le pape adulte, on ne peut s’empêcher de le comparer avec son modèle, une personnalité très charismatique, dotée d’une sacrée présence physique. Quant au problème du point de vue, il est lié au scénario, basé sur le best-seller d’une journaliste argentine, correspondante au Vatican (Elisabetta Piqué, Vida y Revolucion, 2013). L’auteur-réalisateur, scénariste de son état, a choisi de garder le personnage d’une journaliste comme narrateur externe. D’où l’impression d’agrégation d’informations médiatiques rapportées avec une certaine superficialité.
À ce sujet, les premières scènes font craindre le pire : Ana fait une visite guidée de la cathédrale de Buenos Aires avec sa fille. On croit alors qu’on va assister à une biographie au rabais, du type « Le pape François pour les Nuls ». Le fait de vouloir embrasser 60 ans d’une vie bien remplie n’arrange rien : le récit - construit selon des repères chronologiques un peu laborieux, voire confus - glisse un peu sur tout, les faits, les personnages... Heureusement, quelques séquences réussissent à donner un peu d’épaisseur au film : la scène de mariage, où le jeune Jorge flashe sur une beauté irrésistible (à part pour un futur saint !) ; celle d’un face-à-face avec un dirigeant argentin menaçant.
Au final, une mise en scène honorable, mais sans grand intérêt. Beda Docampo Feijóo a notamment du mal à tirer de l’émotion de l’actrice espagnole Silvia Abascal, qui joue Ana.