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mercredi, 01 mars 2017 12:00

Le grand miracle

Le grand miracleLe dessin animé Le grand miracle raconte la matinée extraordinaire de trois adultes dans une ville mexicaine. Débordée par ses obligations professionnelles, une jeune veuve peine à élever son garçon de 9 ans. Un chauffeur de bus apprend au cours d’un trajet que son enfant est atteint d’une maladie grave. Se sentant une charge pour son entourage, une vieille bourgeoise sort en douce de chez elle, au grand dam de ses domestiques qui s’inquiètent de trouver la porte de sa chambre close. Chacun de ces trois personnages est mystérieusement conduit vers une église par trois adolescents, qui vont s’avérer être leurs anges gardiens et leur ouvrir les yeux sur les réalités invisibles accompagnant le rituel de la sainte messe. Les trois adultes repartiront bouleversés.

La projection du film dans les salles de Suisse romande ne semble pas encore programmée. Cependant, Saje distribution propose des "Projections à la demande" dans des salles de classes, des paroisses, etc.

Produit par un producteur mexicain récemment converti, Le grand miracle est réalisé par l’américain Bruce Morris, scénariste de films Disney dans les années 90, comme Pocahontas ou Hercule. Selon le dossier de presse, c’est le premier film mexicain utilisant une technologie stéréoscopique 3D complète. Le résultat est plutôt laid, surtout pour les personnages (y compris le Christ ou la Sainte Vierge) dont l’apparence et les mouvements rappellent certains jeux vidéo d’il y a une quinzaine d’années. Pour les bâtiments en revanche (notamment la grande église où se déroule l’essentiel du film), l’effet de réalisme est réussi. Quant au scénario, il n’est ni ancré dans une réalité mexicaine (à part peut-être la vieille dame et son petit personnel), ni porté par les histoires des trois personnages, qui relèvent plus du prétexte que d’une véritable trame dramatique.

Un support pour le catéchisme
Le grand miracle peut malgré tout représenter un support intéressant pour le catéchisme. Concernant la célébration de la messe, les anges gardiens enseignent et font voir à leur protégés des réalités essentielles, parfois inspirées des révélations de certains mystiques (comme l’annonce le carton d’introduction): l’existence des anges-gardiens eux-mêmes, l’importance de la préparation pénitentielle, des prières pour les âmes du purgatoire, des prières de remerciement (eucharistie signifie action de grâce) et des prières d’offrandes, au-delà donc des prières de demande.

Á propos d’offrandes, les textes liturgiques du jour où j’ai écrit cette chronique rappelaient justement les multiples formes qu’elles pouvaient prendre. Pour Ben Sirac le Sage (35,1-2 et 5), «C’est apporter une offrande de fleur de farine que se montrer reconnaissant ; c’est présenter un sacrifice de louange que faire l’aumône (...) L’offrande de l’homme juste est comme la graisse des sacrifices sur l’autel, son agréable odeur s’élève devant le Très-Haut. » Et le psalmiste de nous inviter à chanter avec lui: «Qui offre le sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire» (Psaume 49).

Parmi les nombreux phénomènes surnaturels «révélés» dans le film, Le grand miracle montre en particulier la présence d’anges autour de l’autel pendant la prière eucharistique. Comme le rappelait le Père Lucien Deiss dans La messe (Desclé de Brouwer, 1989), le texte de la liturgie lui-même invite l’univers entier - le ciel et la terre - au sacrifice d’action de grâce: «Le texte d’Isaïe porte: "La terre est remplie de sa gloire." La liturgie lui substitue: "Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire." La perspective s’élargit, immense. C’est à la fois sur terre et au ciel que les anges et les hommes, avec la création tout entière, s’unissent dans une commune exultation pour la célébration éternelle du Père. La liturgie apparaît bien comme la descente de l’Éternel dans le temps, ou encore comme l’insertion de l’acclamation terrestre dans la louange du ciel.»

Le grand miracle rappelle ainsi à juste titre que les anges gardiens sont porteurs de l’espoir de l’inspiration qui nous fait chanter Alleluia! «Alleluia est la francisation de l’hébreu Halelû Yah, qui signifie "louez-yah" (=Yahvé)», notait Lucien Deiss, qui avait composé plus de 400 chants liturgiques. «On la trouve aussi comme chant des anges dans la liturgie céleste de l’Apocalypse (19,1-6). C’est la deuxième fois - après le Gloria - que la liturgie de la terre emprunte son chant aux anges. Ils reviendront une nouvelle fois dans le chant du Sanctus. Notre liturgie céleste, tout ouverte sur le ciel, est habitée par les anges. Même la plus petite communauté est environnée par les myriades angéliques.»

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