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lundi, 31 octobre 2016 10:38

Le LAC de Lugano, majestueux vaisseau dédié à l’art

Michel Gagnon LAC 2015 Foto Studio PagiMichel Gagnon © LACInauguré il y a près d’un an, le Lugano Arte e Cultura (LAC) aborde les rives du lac de Lugano avec d’ambitieuses perspectives. Fruit d'une longue gestation et d'une détermination sans faille des autorités de la ville, il arbore fièrement ses deux salles de concerts et ses trois niveaux d'expositions. D’origine canadienne, son directeur Michel Gagnon, homme-orchestre et capitaine du vaisseau, révèle avec passion sa programmation et les raisons du succès de ce complexe dédié aux arts visuels, à la musique et à la danse. Homme de culture, il a dirigé pendant quatorze ans, de 2000 à 2014, la programmation de la Place des Arts à Montréal. Patron multitâche, il a également été directeur de scène des Grands Ballets canadiens, ainsi que de l’Opéra de Montréal, avant d’embrasser, il y a près de deux ans les destinées du LAC. Entretien.

Quelle est la genèse du LAC et de ses quatorze ans de gestation, avant son inauguration le 12 septembre 2015 ?

L’initiative revient à l’ancien maire Giorgio Giudici auquel a succédé la vice-maire chargée du département culture, Giovanna Masoni Brenni, qui a littéralement porté le projet au point d’être surnommée ici «la mère du LAC».

Dès lors que des fonds publics sont engagés dans ce type d’entreprise, le dessein devient par nature politique. Et la Ville en a assumé seule le coût. Le projet avait fait l’objet d’une votation, et les électeurs n’ont eu de cesse depuis de le soutenir, cela pendant près de quinze ans. Ce temps de gestation peut paraître long, mais il est d’usage assez courant.

Quelles en sont les grandes lignes ?

Le LAC s’inscrit dans un important plan de restructuration urbaine qui englobe le très beau centre-ville de Lugano avec lequel il crée un lien. Au-delà de sa dimension urbanistique, le LAC m’a toujours été présenté comme un pôle culturel au sens large du terme, ce qui est perceptible dans l’architecture même du bâtiment d’Ivano Gianola, qui a su lier théâtre et institution muséale. Lugano a toujours mené une politique artistique très active, dans le domaine musicale avec l’orchestre de la radiotelevisione svizzera italiana. Aux festivals existants s’ajoute une programmation dorénavant annuelle.

Le LAC renferme aussi le Musée d’Art de la Suisse italienne (MASI) né de la fusion du musée cantonal d’Art et du Musée d’art, qui forment maintenant une seule entité. Marco Franciolli a choisi de consacrer une exposition à Paul Signac, dont les œuvres proviennent de la plus importante collection privée consacrée à ce peintre. Ilya & Emilia Kabakov et les avant-gardes illustre le versant contemporain de la saison.

LAC Slow Dancing panoramica LAC Foto Studiopagi.chSlow Dancing © LAC - Foto Studio Pagi

La danse remporte également un grand succès. J’ai choisi de présenter Slow Dancing du Californien David Michalek. Avant d’être projetée sur les murs du LAC, cette installation vidéo à grande échelle avait été présentée à New York et à la Biennale de Venise. Elle correspondait à ma volonté de souligner la dimension internationale de la nouvelle saison.

Quel a été le rôle de votre expérience acquise auprès des lieux emblématiques de la vie culturelle montréalaise que sont les Grands Ballets canadiens, l’Opéra et la Place des Arts, ?

Mon expérience en tant que directeur de la programmation de la Place des Arts (qui est le plus grand centre culturel au Canada) m’a beaucoup servi. Elle m’a amené à œuvrer en symbiose avec des équipes. J’ai pu y acquérir une bonne connaissance de la danse internationale. Nous y avions initié des coproductions avec des artistes du monde entier, notamment avec la compagnie Finzi Pasca que nous retrouvons au LAC.

Comment le lieu a-t-il été accueilli ?

Avec enthousiasme de la part des Tessinois et bien sûr des habitants de Lugano, mesurée par l’afflux de visiteurs : jusqu’à 3200 par jours. Les arts de la scène ont enregistré une augmentation de la fréquentation de 30% depuis l’ouverture, et nous avons enregistré quelque 80 000 visiteurs au musée. L’initiative d’un programme culturel de haut niveau et sa dimension sociale expliquent largement ce succès. Les activités destinées aux scolaires, aux jeunes publics et aux familles sont très nombreuses, et gratuites pour un grand nombre d’entre elles. Le hall a été conçu de manière à accueillir deux dimanches par mois Hall in Musica, concerts gratuits dispensés par le conservatoire de la ville, qui trouve ici un lieu d’audience.

 LAC edu Hall in musica LAC Foto Sabrina Montiglia 2Hall in musica © LAC - Foto Sabrina Montiglia

Vous souhaitez octroyer au LAC une « envergure internationale ». Comment pensez-vous atteindre cet objectif ?

Nous avons déjà invité des compagnies internationales; tel le Théâtre du Nouveau Monde qui a présenté L’Albertine en cinq temps. Ici à Lugano et dans tout le Tessin, on parle toutes les langues, même si la première demeure l’italien.

Environ 40% du public du musée sont originaires du nord de la Suisse, en particulier de Zurich et 20% de l’Italie frontalière. La musique attire un public milanais. Il reste qu’ici, comme ailleurs, les concerts rassemblent plus volontiers un public de proximité. C’est une règle qui s’applique à toutes les institutions, à l’exception peut-être de Londres ou New York.

Quelles sont les futurs grands rendez-vous ?

Nous travaillons à ce que le LAC ne soit pas qu’un centre de diffusion, mais également un centre de création. Dans les prochaines années, nous inviterons des artistes, comme Daniel Finzi Pasca, compagnie de cirque théâtre. Les résidences prévoient de mettre à disposition les infrastructures du théâtre. Nous voudrions dédier une saison à l’Inde à laquelle Marco Franciolli consacrera une exposition qui aura son équivalent dans la programmation musicale. Mais le travail avec le territoire et les artistes localement implantés est tout aussi essentiel pour nous.

G. N.


Un fier paquebot

Quelque 40 000 m2, deux salles de concerts, trois étages dédiés aux collections et aux expositions temporaires et un budget de près de 210 millions de francs pour la construction du bâtiment due à l’architecte tessinois Ivano Gianola, telles sont les données d’un projet soutenu avec constance et détermination par la Ville, la région et l’ensemble des Tessinois, pendant plus d’une décennie.

A sa tête, Carmelo Rifici pour le théâtre, Etienne Reymond pour la musique et Marco Franciolli pour les expositions sont les trois capitaines de cette vaste nef placée sous l’égide de Michel Gagnon. Né en 1956, ce dernier - qui a gardé l’accent de son ascendance canadienne, - a assuré pendant quatorze ans, de 2000 à 2014, la programmation de la Place des Arts à Montréal. Patron multitâche, il avait été directeur de scène des Grands Ballets canadiens, ainsi que de l’Opéra de Montréal, avant d’embrasser, il y a près de deux ans les destinées du LAC.

 LAC 2015 Studio Pagi© LAC 2015 - Foto Studio PagiLAC Esterno LAC 2015 Foto Studio Pagi© LAC 2015LAC Teatro Retro Laterale LAC 2015 Foto Studio PagiTeatro Retro Laterale © LAC 2015Hall LAC 2015Hall © LAC 2015

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