Frédéric Lenoir éclaire sa pensée tant et si bien que nous entrons en résonnance avec ce «révolutionnaire politique et religieux», ce «maître de sagesse».
Banni de la communauté juive d’Amsterdam à 28 ans pour hérésie, Spinoza n’a de cesse de nous conduire, en liberté, hors des superstitions, du conformisme, de l’intolérance, des obscurantismes… En plein XVIIe siècle, en avance sur son temps, il a le courage d’aller à contresens, par la raison, dans le respect de l’autre et la cohérence de sa pensée, pour rechercher la vérité. Ce qui en fait un pionnier de la lecture historique et critique de la Bible, un précurseur des Lumières et l’inventeur d’une philosophie fondée sur le désir et la joie. «L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie» (Éthique IV, 67). Sa philosophie est un chemin de vie «dans la tranquillité joyeuse et la gaîté» (lettre 21), qui aboutit à la joie et à la béatitude à travers les blessures et les souffrances inlassablement sublimées.
Spinoza bouleverse notre conception de Dieu. À nous de nous laisser interroger par son ouverture d’esprit, loin de tout clivage (spirituel/matériel, créateur/création, homme/nature, esprit/corps, métaphysique/éthique). Ou même éblouir par cette grande leçon de vie qui ouvre à d’autres livres, comme celui d’Irvin Yalom (Le problème Spinoza, 2012, Paris, Poche, 552 p.) … et pourquoi pas aux écrits de Spinoza lui-même.