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mardi, 22 mars 2022 12:53

Le fait religieux et humaniste à l’école

couv fait religieuxCet ouvrage collectif raconte la passionnante aventure déployée sur près de 30 ans qui a conduit à la constitution du Groupe citoyen «Culture religieuse et humaniste à l’école laïque» à Genève (Groupe citoyen) et à l’inscription de l’article 11 dans la loi sur la laïcité de l’État acceptée par le peuple du bout du Lac, le 10 février 2019: «Dans le cadre de scolarité obligatoire au sein de l’école publique […], il est dispensé l’enseignement du fait religieux dans sa diversité.» Un livre qui est fort bien documenté et d’une grande clarté. Pour ce faire, le Groupe citoyen a sollicité la collaboration de l’Institut d’études de la citoyenneté de l’Université de Genève (InCite) pour lui confier ses archives à des fins d’évaluation et de mise à disposition du grand public.

Comme le dit dans l'introduction Elisa Banfi, docteure en sciences politiques, experte de l’engagement socioculturel des associations religieuses du canton de Genève et spécialiste des sciences de l’information -conjointement à l’autre membre de l’Institut, Victor Sanchez-Mazas, doctorant en sciences politique et expert de la laïcité genevoise-, l’InCite a fait appel à la professeure Basma Makhlouf Shabou et à son assistant Aurèle Nicolet de la Haute école de gestion de Genève ainsi qu’à leurs étudiants en archivistique pour effectuer une première évaluation des archives du Groupe citoyen.  

C’est du fait de la valeur importante de ces documents que l’InCite a exploité la documentation fournie sous les angles de: la relation entre l’action citoyenne et la tradition de subsidiarité suisse; l’engagement citoyen et sa promotion des pratiques de démocratie délibérative helvétique; la volonté de sauvegarder le patrimoine culturel chrétien et son articulation avec la croissance de la diversité religieuse locale. 

L’histoire du Groupe citoyen «Culture religieuse et humaniste à l’école laïque», comportant des membres de différentes sensibilités et convictions (agnostiques, athées et croyants de différentes confessions chrétiennes, dont quasiment pas de catholiques) est présentée en quatre étapes successives:

1. Le constat de l’inculture religieuse comme source de l’établissement du Groupe citoyen (1980-2003); avec, à partir d’une conférence grand public intitulée Analphabétisme religieux, danger pour la société, l’adoption par le Grand Conseil en 1996 de la motion M 1079 concernant l’introduction de cours sur l’histoire des religions pour les élèves du canton, déposée par Vesca Olsommer, Sylvie Leuenberger et Chaïm Nissim; puis la publication par le Service de la recherche en éducation du DIP du rapport du Groupe de travail exploratoire sur la culture judéo-chrétienne à l’école, dirigé par Walo Hutmacher et intitulé Culture, religion et école laïque (1999); enfin la création du Groupe citoyen (2002), suite à l’interpellation urgente (IU 1238) de Patrick Schmied au Grand Conseil, demandant au DIP les suites qu’il comptait donner aux recommandations émises par le Groupe exploratoire.

2. La promotion de l’enseignement du fait religieux et la pratique d’une citoyenneté active (2004-2008) par le biais de rencontres du Groupe citoyen avec des délégations du DIP (présidées par Charles Beer), d’un soutien envers le Grand Conseil du rapport du Conseil d’État débouchant sur l’adoption d’une motion M 1079B de la Commission de l’enseignement et de l’éducation du Grand Conseil.

3. Les interactions entre le Groupe citoyen, le Groupe interdisciplinaire enseignement laïc et fait religieux (2009-2013), à l’occasion aussi des travaux de l’Assemblée constituante (dès 2010), aboutissant entre autres à l’enseignement des «grands textes» religieux au Cycle d’orientation, selon le Plan d’études romand.

4. Le processus d’émergence de la loi sur la laïcité et l’enjeu de l’enseignement du fait religieux (2012-2018), soutenu par le Groupe citoyen (Patrick Schmied et Henri Nerfin) auprès d’Anne Emery-Torracinta.

5. Désormais dissous, puisque étant parvenu à l’aboutissement de sa mission, le Groupe citoyen, par l’intermédiaire de douze de ses membres, a opéré une intéressante relecture du processus, chacun d’entre eux répondant aux trois questions: «Ce qui m’a motivé·e? Que reste-t-il à faire? La question qu’on ne m’a pas posée?

6. Quant aux archivistes Marion Destraz et Séverine Gaudard, elles ont évalué à quelle institution d’archives le Groupe citoyen aurait intérêt à transmettre sa collection documentaire pour la mettre le mieux à la disposition du public (2018-2019 et Annexes).

Dans sa conclusion, Elisa Banfi mentionne le fait que le Groupe citoyen aurait pu également faire appel à des membres taoïstes, musulmans, bouddhistes, etc. et que la suite de l’action pourrait examiner comment la mise en place de l’enseignement du fait religieux et de la culture humaniste affecte la capacité des individus à développer leurs propres pratiques spirituelles. Car là résident désormais tout l’enjeu et la fécondité de ces 30 ans d’engagement citoyen.

FaitReligieuxDestraz BanfiGaudard Séverine, Sanchez-MazaVictor,
Destraz Marion, Banfi Elisa
Le fait religieux et humaniste à l’école
Une responsabilité citoyenne
Chêne-Bourg, Georg 2021, 200 p.

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